• La roue est une des plus grandes inventions  de l'homme. Imaginez tout ce qui n'existerait pas aujourd'hui si elle n'était pas arrivée jusqu'à nous. C'est ainsi que de grands et nobles métiers se sont créés autour de cette invention.

    Le charron est un de ceux-là.

    Il fabriquait des charrettes et tous ses dérivés c'est à dire une plateforme en bois placée sur des roues et tractée par un animal pour transporter des personnes ou des matériaux.

      D'abord le plateau, dont ll'ossature était composée de deux longs chevrons bois avec des traverses fortement assemblées et un pllancher bois d'environ 1,20 mêtre de large et 4 à 5 mêtres de long qui recouvrait l'ensemble. Cette longueur était nécessairecar dans chaque tronc d'arbre, il fallait travailler le chevron  porteur du plateau d'environ 12à 15 cm. de section et les brancards de 8 à 12 cm. en prolongement pour recevoir l'animal, cheval ou boeuf, qui assurait la traction à l"aide d'un collier et de chaines/

    Ce n'était pas un  travail facile, il ne réalisait pas à la scie à ruban. Le tronc, commadé à un forestiier de Bélesta, devait être coupé à la bonne lune depuis au moins 3 ans Il était posé sur des trétaux et débité à la main à la façon "scie de devant", qui permettaot à l'artisan de suivre le tracé irrégulier imposé par des dimensions différentes. En effet, les chevrons du pllateau étaient plus ou moins fort  par rapport à la position de l'essieu, et les chevrons utilisés pour les brancards devaient donner une forme de courbe qui épousait le corps de l'animal de trait. Tout cela était "tiré" dans le même tronc et exigeait uine grande maîtrise du charron.

    Ce plateau était déjà une véritable oeuvre car il devait recevoir des charges souvent importantes et les supporter sans se casser. Les brancards, eux aussi, où était attelé l'animal, devaient subir la traction effectuée par ce dernier et assumer le placement et le guidage de tout l'équipage.

    Mais rien de tout cela ne fonctionnerait si tout cet ingénieux système n'était posé sur un essieu, lui-même placé dans 2 moyeux au centre de deux roues.

     LA ROUE, voilà le chef d'oeuvre que doit réaliser le charron : en son centre, le moyeu, véritable boule de bois très dur qui lui est fournie par un ébéniste qui l'a fabriqué au tour. Ce moyeu est percé en son centre d'un trou de 6 à 7 cm. de diamêtre, qui permettra au charron de loger la "boite", c'est à dire un morceau de tube en acier, assez épais, comprenant à l'extérieur des rainures en relief afin qu'il soit parfaitement fixé. Ce son ces 2 larges baguesde 20 cm. environ, qui vont recevoir l'essieu, élément fixé au plateau, et qui par la suite, bien graissées, permettront à la roue de tourner et ainsi de se déplacer.

      Ensuite il faudra des éléments de bois de 6 à 8 cmde côté, et de 60 à 80 cm de long pour "travailler" les rayons. Chaque chevron se retrouve aminci, avec deformes "adoucies" et un tenon à chaque extrémité. Il faut les fixer comme les aiguiles d'un réveil dans  les mortaises du moyeu d'un côté et de l'autre, dans la circonférence que forme la roue, fabriquée par de courts chevrons de 30 cm, cintrés, et très fortement assemblés entr'eux. C'est le travail du ciseau, de la llane, du bedane, de la rape, pour que ces rayons soient harmonieux, solides et porteurs de deux bons tenons. Tout cet assemblage est très précis, aucun élément ne doit avoir du "jeu".

    La roue est maintenant constituée/ Mais ce cercle magique ne peut rouler car il n'est pas assez solide pour supporter de lourdes charges, et s'userat également très vite au contact du sol. Il devient donc indispensable de le rendre à même de supporter toutes ces contraintes d'effort et d'usure.

    Pour cela, il va falloir "ferrer" la roue.

       Dans son atelier, le charron ne travaille pas que le bois. Il se sert de bandes de fer plat de 6cm de largeet 1 cm.1/2 d'épaisseur. Avec une forge de grande dimension, alimentée au charbon et ventilée par un énorme soufflet, commandé par une chaîne, il chauffe et cinttre sur la lourde enclume, cette  bande de fer. Ce cerceau a la propre dimension que la roue à habiller,mais légèrement plus petite.Il est fermé par une soudure à chaud. cette soudure onsiste à obtenir à la forge le point dit "étincelant" du fer et rapprocher rapidement les 2 extrémités du cercle, prédécoupées cdans une forme particulière, qui va permettre aux 2 parties, de s'imbriquer parfaitement  et de se souder en les liant par de grands coups de marteau. L"élément fer s'est reconstitué et la liaison est parfaite. Quand le fer est refroidi, l'artisan perce une série de rrous, tous les 40 cm.,(avec une perceuse posée sur un chassis au dessus d'une fosse)  ces trous sont fraisés pour recevoir plus tard la "vis du charron" pour fixer le cercle métal sur la roue en bois. La fosse permettait, par sa profondeur, de recevoir à la verticale, ce grand cercle  et pouvoir y trravailler dessus.

      Sachant que tout le travail du bois concernant la "fabrication" du tablier porteur de la charrette, ainsi que celui du fer, pour le cercle, se faisait à l'intérieur de l'atelier, à la main ou avec l'aide de machines, personne ne pouvait apprécier les gestes de mesures, de tracés, de découpes, de montage et d'assemblage de l'ossature bois du plateau, de la roue, et des cercles en fer.

      Nous avons maintenant tous les éléments pour réaliser l'opération, qu'enfant, nous attendions tous. DE QUOI S'AGIT-IL ?  (cette opération devait se réaliser dehors, dans la rue) POURQUOI ?

    "Ferrer" la roue veut dire mettre une bande de protection en fer autour de la roue en bois. Sachant que le charron a fabriqué les "cerceaux"en fer d'après les dimensions très précises de chaque roue en bois, ce cerceau doit impérativement  être légèrement plus petit que la circonfférence de la roue en bois, Comment le placer ?  C'est cette dernière opération  dont la réalisation  nous a toujours tous émerveillés. Je pense que le charron nous la réservait pour le jeudi car nous n'avions pas école.

       Ce chantier extérieur se situait au raccordement des rues de l'Egliise et  Ste Marie qui formait un triangle. Sur le ruisseau le plus bas, une petite retenue faite de chiffons et de cailoux formait une réserve d'eau car les fontaines coulaient jour et nuit, sans interruption ; voitures et motos, peu nombreuses, étaient interdites à la circulation.

       Monsieur BELLOC François, maître charron, et ses aides, plaçaient sur de véritables sabots-étriers métalliques, posés sur le sol, plusieurs cerceaux en fer, les uns sur les autres, sui se trouvaient ainsi surélevés de 20 cm environ. Dans cet espace, les ouvriers mettaient des copeaux et plaçaient des petits bois, chutes d'ouvrages, à la verticale de chaque côté des cercles.

      Un peu d'essence, un briquet et une véritable couronne de feu, sans grandes flammes inutiles, patiemment alimenyée, commencçait son travail..

      Maître Belloc surveillait le bon déroulement  de l'ensemble : un oeil sur le feu qui devait être nourri en continu, un autre sur les badauds qui auraient pu commettre quelque bétise. Il fallait une bonne heure de chauffe, puis :"c'est le moment !".

      Le charron, après avoir reconnu les indices que lui seul savait déterminer, venait de donner l'ordre d'attaquer la seconde phase. Il fallait faire vite. Après avoir étouffé les flammes avec des chiffons mouillés, il ne restait plus que les braises.

      Un dernier ordre aux enfants :"Ecartez-vous !"

      Il y avait autant de cercles à chauffer que de roues à "habiller".

      Par un axe fer planté dans la "boite" au centre du moyeu, la première roue était alors approchée de la réserve d'eau du caniveau. Elle était au sol, retenue par l'axe, en position oblique. Les compagnons, chaussés de sabots, protégés par des tabliers cuir, et les mains gantées, soulevaient à l'aide de crochets passés dans les trous du cerceau, le premier anneau.

    Vite, il fallait faire très vite.

    Ils présentaient cet anneau, brulant (pas rouge)  sur le pourtour extérieur de la roue boisd qui, elle, ne devait pas brûler. L'un s'adaptait parfaitement à l'autre. Si nécessaire, quelques coups de maillets finissaient l'emboitement. Si une flammêche s'élevait du bois de la roue, un ouvrier l'éteignait avec un arrosoir;

      Maître Belloc François, s'assurait que le "cerceau" était bien en place. Il ordonnait alors le trrempage, par rotation, de la roue avec son fer, dans le ruisseau. L'eau grésillait, un peu de vapeur se formait, des craquements signifiait que les tenons et mortaises ne faisaient plus qu'un, unis les uns aux autres par la contracture du cercle fer qui, en se resserrant, bloquait l'ensemble. Le bois et le fer se mariait parfaitement. Un coup de massette sur les rayons produisait un bruit franc et bien sonore. C'était un véritable carillon.

      Les mesures avaients été bien prises. La roue était achevée.

      Avec un large sourire de satisfaction, l'ouvrier, mains gantées, la faisait rouler pour aller l'appuyer contre le mur de l'atelier. Le chantier n'était pas terminé. Tout était en train, il fallait ferrer les autres roues en attente. L'ouvrage était fini lorsque toutes les roues étaient appuyées contre le mur de l'atelier. Elles paraissaient plus grandes qu'on  ne l'imaginait.

      Le Maître charron pouvait "lever le tête" : son équipe avait fait du bon travail et il en était fier. Cette dernière opération "publique" concrétisait plusieurs semaines de labeur. Toute l'équipe contemplait son oeuvre.Ils s'essuyaient le font et se mouillaient les bras.

      Il restait à nettoyer le chantier, ramasser les cendres, laver la rue et donner un grand  coup de balai.

      Tous les gosses rentraient chez eux, se racontant les gestes qu'ils venaient d'apprécier, en se disant :" à la prochaine fois". Nous nous étions bien régalés.

      Le patron offrait la Blanquette à toute son équipe. Demain, il pourra monter le plateau et livrer la charrette à son client, sans oublier de placer "la mécanique" véritable système de frein, ingénieux et efficace. Il était composé d'un manche placé en fond de tablier, sur le côté, qui en tirant  sur lui, faisait levier et agissait  sur un sabot de bois  en le plaquant contre le cercle f'er.. Il servait surtout dans les descentes pour retenir l'attelage et aider le travail du cheval.

    Couiza a connu 2 ateliers de charron. Avant Maître BELLOC François, c'est Maître SAUNIERE qui dans des conditions similaires, a exercé son activité au n° 28 de la rue du Pont-Vieux. Il a du arrêter dans les années 30 ; il nous a laissé en témoignage un chassis de charrette en cours de fabrication, suspendu à la charpente du toit de son atelier. Les héritiers n'ont pas continué le métier. Il s'agit de son fils Arthur SAUNIERE, son petit-fils Gaby SAUNIERE, puis ses arrieres-petits enfants Christiane et Alain, et aujourd'hui, Bruno, Carla et Joris.

      Chez Maître BELLOC François, nous avons connu l'atelier en activité. Celui-ci  a été transformé en maison d'habitation au 37, de la rue Joyeuse. Son fils Jean BELLOC et aujourd'hui ses petits- enfants Gisèle et Claude et aussi Alain, Philippe, Christophe et Maxime.

      Aucun n'a souhaité continuer le métier. Pourtant Claude, jeune adolescent a pris beaucoup de plaisir, dans les années 50, à "passer ses vacances dans l'atelier avec son papy. Il en a gardé d'excellents souvenirs et d'appréciables astuces.

      Ces  métiers  ne sont plus pratiqués. Ils ont répondu à un besoin à une époque et ont rendu de grands services.

      Les charrettes étaient souvent peintes en bleu.

      Savez-vous pourquoi ?     Cette couleur faisait fuir les mouches !

    "MEMIOIRE DE COUIZA " a eu plaisir à rappeler leur souvenir et leur implication dans la vie locale.

                                                                                                       AOUT 2012


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