• GOURNET mot très ancien qui signifierait creux d'eau ( gourg) claire (net) .
    Effectivement,   la Sals  présente à cet endroit,  entre 2 barres rocheuses un creux, où les enfants vont nager. Eau claire, car l'étiage de la rivière était beaucoup plus important avant

    A l'époque gallo-romaine, une habitation a dû exister à l'emplacement de l'atelier municipal car il a été trouvé : des tuiles romanes, un squelette enterré entre des pierres plates placées verticalement et recouvert de dalles, des tessons de poteries ; tout celà auprès d'une très faible source aujourd'hui captée.

    Plus tard, vers 1210, ce site a été le lieu d'une bataille entre les habitants du pays et les soldats de l'armée de Simon de Montfort venu combattre les hérétiques mais surtout s'approprier de nouvelles terres. Nous avons  perdu et c'est  la famille des Voisins, lieutenant de Montfort qui est devenu maitre de tout le secteur Couiza, Rhedae, Coustaussa et Arques ; ces deux derniers ayant vu leur chateau démoli.

    Le confluent Aude/Sals n'a jamais été habité car trop insalubre, compose de marais plus ou moins changeants d'après les caprices de la Salz. Cependant au V° siècle, les Wisigoths,  ayant occupé tout notre secteur depuis Narbonne, ont construit d'après Gabelle, un moulin, sur une véritable ile, alimenté par une "païchère" sur l'Aude.Il fallait moudre les céréales et extraire l'huile des nombreux oliviers. De véritables dépots, formés en voutes de 30 mêtres de long sur 11 mêtres de large, sur 2 niveaux, avec une seule porte d'accès, ont servi de magasin pour recevoir les denrées. Distant d'environ 60 mêtres du moulin, il était protégé naturellement car adossé à la colline d'un  côté et par des douves remplies d'eau de l'autre. Un silo d'une grande capacité, supposé également de l'époque des Wisigoths, complétait cet ensemble de stockage

    Couiza n'est devenu agglomération qu'au IX° siècle à  l'arrivée  de 5 moines missionés par l'Abbaye de Lagrasse.

    Une simple chapelle, édifiée sur un petit piton rocheux, tout près, mais plus haut que la Salz, et un couvent dit de "La Force" ont prouvé la possibilité d'habiter ce site et d'y construire des maisons. La Force signifait  lieu fortifié nécessaire pour se protéger des agressions des routiers ou d'anciens gens de guerre, sans emploi, livrés à eux-mêmes et ne vivant que de rapines.

    Ensuite, la famille des Voisins, près du moulin qu'elle gérait, a construit son manoir à plusieurs étages. Puis les Joyeuse, au XVI° siècle ont édifié le chateau.

    Puis, la chapelle du nouveau bourg appelé Couiza s'est transformée en petite église qui s'est agrandie au cours des siècles

    De nombreux chemins créèrent un véritable réseau de communications autour du confluent. Des besoins de plus en plus importants pour desservir les vallées ont favorisé la construction de 2 ponts sur l'Aude et la Salz. Les "Joyenuse" ont tracé un agrandissement en damier de l'habitat. Des artisans pratiquèrent des activités de cloutiers, de fouleurs de draps, de tissage de toiles, fournissant aussi du travail à domicile. D'autres ont ouvert des carrières de pierre, de chaux à batir et de plâtre.

    L'évèque Nicolas Pavillon,désigné par  l'Ordre du Clergé, devint Membre de droit de l'Assemblée des Etats du Languedoc. A ce titre, il fit restaurer le pont sur la Salz. A sa mort, c'est le Marquis Claude de Rébé, représentant  l'Ordre de la Noblesse et seul gentilhomme de tout le diocèse d'Alet à posséder ce privilège, en devint également  Membre de droit. Il fit construire un imposant  batardeau protégeant le pont et le bourg de Couiza des crues de l'Aude, ainsi que le tablier formé d'arches en maçonnerie de pierres, de pilier à pilier, remplaçant l'ancien tablier en bois.

    En fin du XVIII° siècle, 2 fabriques de chapeaux naissent à Couiza dans l'ancien manoir des Voisins . Le clocher actuel, carré de 4 mêtres de côté et haut de 17 mêtres, est construit  en 1733. Au siècle suivant, l'église sera une nouvelle fois agrandie en créant les 2 absides, telle que nous la connaissons aujourd'hui.

    Couiza est devenue une véritable commune avec son administration, ses écoles, ses restaurants et ses relais pour diligences. En complément de l'activité artisanale, la vigne, les oliviers, de nombreux arbres fruitiers accompagnés par les légumes des riches jardins bien arrosés ou en coteaux, fournissaient avec les diverses cultures de céréales, l'alimentation de toute la population.

    L'ensemble des constructions dessine un plan de forme triangulaire. la base du triangle est parallèle à l'Aude, mais ne présente aucune habitation ; un côté est ,par contre, riverain à la rive gauche de la Salz qu'il canalise, l'autre côté est adossé ,d'une façon  moins dense, aux premières pentes de la colline Mont Joseph. Voir plan cadastral ci-dessous.

    GOURNET Création d'un quartier

          La pointe du triangle est dirigée vers  le levant ; c'est la fin du village avec le cimetière et le "barry d'amoun", qui marquent le début de la zone agricole.

          Dès le XIX° siècle, Couiza a besoin de s'agrandir.

          Les écoles de filles et de garçons, cours élémentaires, avec les logements pour les instituteurs, sont construites  côté rive droite de la Salz, en bordure de la route d'Alby en Espagne.

         Au XX° siècle, il faut prévoir une nouvelle extension des écoles qu'il faut garder au plus près du centre de la commune.   

          Mais où  ?

         Depuis la place Ste Anne, deux petites ruelles  s'unissent pour desservir le Barry et donner accès au vieux chemin de Rennes le Chateau, en traversant une grande superficie de terres agricoles.

          Une autre ruelle, pratiquement parallèle, mais riveraine de la Salz, appelée "Rue du Vieux Cimetière", permet d'arriver à la plaine de Gournet, riche de champs et de jardins. C'est une longue langue de terre, très plate, pratiquement enclavée entre la Salz et la colline. Son unique accès ne permet  d'envisager aucun débouché ni aucune possibilité d'extension.

          Pourtant en 1954, la situation va évoluer.

         Pourquoi et comment ?

         L'école, qu'il faut agrandir pour recevoir un plus grand  nombre d'élèves, pose problème. Pour répondre à cette demande, la Municipalité d'Edouard PECH décide de créer un groupe scolaire primaire assez grand pour la satisfaire.

         Pour celal, il faut un grand terrain à bâtir qui n'existe pas dans l'enceinte du triangle regroupant les habitations.

         Les champs en terrasses et les jardins du "barry" offrent cette possibilité.

         Contactée, la propriétaire des lieux,( acquis  dans les années 30 dans une vente aux enchères ), ne souhaite pas s'en séparer.

         Le conseil muniicipal,  avançant la raison d'utilité publique, arrête le principe de l'expropriation. Immédiatement, la venderesse formule un recours auprès du Tribunal, pour empécher la réalisation de ce projet. Un premier jugement soutiendra la collectivité en l'autorisant à poursuivre l'opération.  la première pierre est   posée, et la construction d'un grand groupe scolaire est lancée.

         Pour accèder au chantier, évacuer les terrassements du champ, surplombant la rue, construire le batiment, il est indispensable d'élargir les ruelles permettant l'accès à la place Ste Anne.

         Monsieur le Maire, par achat ou échange  des maisons, formant uin véritable verrou, réussit à libérer très rapidement ces habitations et à les faire démolir. Ce dégagement avec  les deux ruelles permit d'offrir une large ouverture sur cette nouvelle zone à  bâtir.

         La rue des écoles était née.

         Elle permit au groupe scolaire de se construire rapidement.

         Le Tribunal, après plusieurs recours, donna gain de cause à la commune qui devint propriétaire d'un grand terrain..

         Tous ces travaux ont, en même temps, permis à la place d'Aude de s'agrandir, par l'apport des gravats consécutifs aux démolitions et aux terrassements. Et c'est tout naturellement que ce nouveau site permit à une plus large rue, devenue avenue, de  rejoindre à l'étroit accès de la plaine de Gournet.

         Dès 1955, GOURNET, desservi directement depuis la R.D. 118, est désenclavé.

         La seule habiitation du lieu, abritant un petit élevage produisant du lait, va connaître une forte activité autour de ses clotures.

         Couiza, bien qu'ayant déjà loti en 1963 les terrains du Chateau, connait toujours de nouvelles demandes pour une forte augmentation de sa population.

         Il faut donc aménager de nouveaux  espaces.

         La promenade de Gournet est viabilisée.

         Des jardins sont achetés dès 1965 par l'Office H.L.M. qui construit un grand bloc de 4 étages pour 24 logements.

         Après le social, c'est l'économie.

         Un centre médico-dentaire concu par les Docteurs ROCHE Léon, CHAILA Charles et le dentiste ESCLOUPIER, voit le jour en 1969. C'est un excellent outil de travail apprécié par tous les habitants du Canton.... suivra un atelier de chaussures construit  par DAVID et SERRET

         Le groupe scolaire, formidable batiment regroupant 6 classes sous la direction de Monsieur AUBERT Albert va, sous l'impulsoon de la nouvelle municipalité de Georges ROUX, modifier sa structure. Il se transforme en Cours Complémentaire pour accueillir successivement les classes de 6°, 5°, 4° et 3, et devenir Collège Nationalisé.

         Pour cela, il a fallu, pour reloger les 6 classes du Primaire qui ont laissé leur place au Collège, construire en 1970, une nouvelle école primaire élémentaire faisant suite et complétant l'école maternelle édifiée en 1959 sur les terrains achetés par la précédente Municipalité.

         Toutes les écoles couizanaises sont désormais réunies dans un même lieu.

         Le projet initial de 1954 est réalisé pour les élèves.

         Mais les familles du vieux Couiza, habitant à plusieurs générations dans la même maison, veulent aussi bénéficier de tous ces progrès. Les jeunes couples ont besoin de plus d'espace et d'indépendance. Ils rêvent d'avoir leur toit.

         Pour répondre à leur attente, dès 1970,  le premier lotissement de Gournet, fort de 24 maisons, sort de terre. Que des heureux !

          Avec le concours des H.L.M. Groupe Marcou, les emprunts pour la construction et l'accès à la propriété deviennent accessibles aux modestes salariés.

         en 1975, un nouveau lotissement de 10 unités, bénéficiant des mêmes conditions, permet à de nombreux Couizanais de réaliser leurs voeux.

         La promenade de Gournet est devenue un  véritable quartier. D'autres habitations individuelles occupent les plus petits espaces encore libres; les jardins cèdent leur place. Le flanc de la colline accueille lui aussi de nouvelles fondations. Un entrepôt artisanal se mêle dans cet ensemble ainsi que le garage-dépot du S.I.V.O.M., augmentant le degré d'activité apporté par une population déjà nombreuse.En bout de plaine, mordant les pentes de la colline qui marque sa fin, c'est un petit lotissement privé de 6 maisons qui va cloturer, dans quelques années, l'extension et les réalisations de Gournet.

         L'inondation de 1992 est venue ralentir la forte demande sur ce site; Quelques désordes très sérieux sur le dépot artisanal ont entrainé sa démolition. Les dégats des eaux, sur l'ensemble ont freiné l'engouement des deux décennies passées.

         Mais il reste encore des possibilités en respectant quelques règles de sécurité. L'ancienne vigne, aujourd'hui arrachée est devenue un champ, qui offre toujours sur sa partie haute, non inondable, la possibilité de construuire

    Avec le temps, espérons, si les besoins se  manifestent, que ces emplacements feront le bonheur de futurs Couizanais, d'autant que la Promenade, comme beaucoup de riverains le souhaitent, pourrait s'équiper de berges aménagées.

         Gournet n'a donc pas fini de nous étonner, il a encore des ressources.

         L'intérêt que notre commune lui a porté et sa réussite ont été reconnus par le Conseil Général de l'Aude qui, par son Président Robert CAPDEVILLE,  a fait construire en 1984, un nouveau pont sur la Salz sur des terrains offerts par la ville. Ce pont relie ainsi directement le quartier de Gournet à la grande voie des Corbières.

     La boucle est bouclée.

         Aujourd'hui toutes les activités sont bien desservies.

     Gournet relie la R.D. 118 aux Corbières.

         Pour compléter, n'oublions pas d'ajouter la réalisation dans cet ancien "Barry" du Club du 3° Age en 1981 et de la bibliothèque municipale en 1992. Le côté commercial est toujours maintenu par la Brasserie CASTEL qui a remplacé l'atelier de chaussures.

         Pour conclure la longue liste des aménagements de ce site, nous ne pouvons que nous féliciter du choix de l'A.S.M. qui a décidé de réaliser en1987, au Pla du Moulin, prolongement naturel de Gournet,  sur un terrain mis à sa disposition par la commune, un grand établissement médicalisé pour personnes agées, en remplacement de "Nostre Castel".  Ce dernier, bien qu'ayant rendu de nombreux services à la satisfaction générale, pourra ainsi" passer la main."

         Nous sommes à la fin 2011, bien loin des années 1954 où une équipe de visionnaires conduite par Edouard PECH, a su apporter la vie sur un grand espace couizanais pourtant inaccessible à l'origine, en ouvrant la voie par la création de  LA RUE DES ECOLES. Comme quoi l'école est vraîment l'AVENIR.

         Qui aurait pu imaginer ces réalisations et leur réussite ?

         Toutes les municipalités successives ont participé à cet engagement, pourtant lourd.

         Projet après projet, elles ont réussi.

         Il est à noter particulièrement la reconvertion du Groupe Scolaire initial en Collège Nationalisé. Elle est dû à l'opiniatreté de l'ensemble des Maires du Canton plus ceux  d'Espéraza, Campagne et Fa, qui autour de Georges ROUX, se sont battus de longues années au sein du Syndicat Intercommunal du Collège.

         Le projet , porté et défendu par l'équipe enseignante dirigée par son Principal Jean AUBERT, a été  soutenu par l'Education Nationale qui en lui affectant un secteur géographique pour le recrutement des élèves, a permis sa réalisation.

         Voila le quartier de Gournet totalement ouvert sur la vie locale. Il bénéficie de tous les services essentiels de l'école, de la santé, proche de la sécurité par la brigade de gendarmerie et les pompiers, et de nombreux ommerces et Administrations.

         Il est le lieu où il fait "bon vivre" à Couiza.

         Il est la véritable continuité du "Barry" avec toujours un peu d'esprit d'indépendance.

     

                                                                                     DECEMBRE 2011.

     

       

     


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