• BAIL de REPARATIONS de la Commune de COUIZA à PICHOU de LIMOUX

    Voici le texte d’une singulière découverte que fit, d’une manière tout à fait imprévue, dans les années 70, René Pech, de Couiza, dans un volume de minutes notariales émanant de l’étude de Maître Siau, notaire à Espéraza, volume consulté à propos de l’un de ses ancêtres. Il a eu l’amabilité de nous en confier une photocopie, d’en retranscrire le texte en prenant soin d’en moderniser l’orthographe, d’en marquer la ponctuation et de corriger (rarement !) les modes de la conjugaison.
       Il ne s’agit de rien de moins que de la construction du clocher de l’Eglise de Couiza en 1733.
                                                   Octobre 2010
    Laus Deo.
     
     
    BAIL de REPARATIONS de la Commune de COUIZA à PICHOU de LIMOUX.
         
         L’an 1733 et le 10ème jour du mois de juin après-midi dans le lieu de
    Couiza, diocèse d’Alet, sénéchaussée de Limoux par devant Nous, notaire Royal, présents les témoins bas-nommés, furent présents en personne les Sieurs Esprit Vasserot, Consul Royal, et Jean Izard aussi consul, assistés de Jean Assezat, prêtre et curé et de Henri Marsan Procureur Juridictionnel agissant pour le corps de la Communauté dudit Couiza, en conséquence du pouvoir à eux donné, par lesquels a été dit que messire François de Boucaut, seigneur évêque et comte d’Alet, ayant fait la visite épiscopale à l’église du présent lieu de Couiza le 10ème jour de septembre dernier a trouvé que le clocher et masse de bâtisse qui ont été élevés sur la voûte du chœur ont fait ouvrir les murailles et causé diverses fissures qui menacent d’ une chute soudaine et d’ensevelir sous les ruines, le Saint-Sacrement, vases sacrés et ornements avec le prêtre et le peuple et en même temps a ordonné la construction d’un nouveau clocher au lieu qui sera trouvé le plus solide et que le vieux clocher et vieille bâtisse soient abaissés jusqu’au cordon de la dite voûte et le couvert remis sur celle-ci comme il était anciennement. Comme aussi il a ordonné diverses autres réparations au dehors et au-dedans de la dite église, aux fonts-baptismaux, au vestibule et au cimetière.
     
       Et du tout les dits Sieurs Consuls Constituants ont fait dresser un devis, lequel ayant été trouvé ambigu et sujet à causer diverses contestations a été expliqué et circonstancié dans tous ses articles et les dit Sieurs Consuls ont fait faire par le ministère d’Antoine Cassignol, huissier du marquisat d’Arques les proclamations nécessaire par trois dimanches consécutifs qui furent les 3ème, 10ème et 17ème jour de mai dernier ; et en outre firent mettre des affiches dans les villages voisins du lieu à l’entour, avec indication de la délivrance du travail (adjudication) fixée au lundi de la pentecôte 25ème du dit mois de mai vu heure après-midi à l’extinction de la chandelle ; sur quoi le Sieur Jean Pichou maître maçon de la ville de Limoux a fait sa moins-dite (proposition la moins disante) le 5ème jour du mois de mai et a offert de faire tout le travail porté par les explications du devis moyennant la somme de mille quatre cents livres et de faire deux voûtes à la place des deux planchers qu’on avait mis avec le susdit devis et de donner bonnes et suffisantes cautions ; et le dit jour vingt cinq mai,  le Conseil de la Communauté assemblé dans la présente maison de ville, aux formes accoutumées, une heure après midi a été faite lecture à haute voix tant de la dite explication du devis que de l’offre du dit Sieur Jean Pichou, la délivrance (adjudication) du travail mise à l’enchère et la chandelle allumée s’est éteinte sans qu’aucun des maçons ni charpentiers qui étaient là présents et qui étaient venus de divers lieux en pensant vouloir faire d’autres moins-dites sur celle du Sieur Pichou, c’est pourquoi il fut délibéré que le contrat du bail lui en serait passé sous huitaine par les dits Sieurs Consuls sur la base de son offre et aux conditions de celle-ci. 
     
       C’est pourquoi qu’en exécution de ce, les dits Sieurs Consuls constituants assistés dudit maître Assezat prêtre curé et dudit maître Marsan procureur juridictionnel ont par la teneur du présent acte donné et donnent au Sieur Jean Pichou ici présent et acceptant à faire la construction du clocher en exécutant de point en point tout le contenu tant pour celui-ci que pour les autres réparations dans la susdite explication dont il a pleine connaissance, et copie lui a été donné signée et paraphée par les dits Sieurs Consuls, curé et procureur juridictionnel ; comme aussi de blanchir au pinceau la chaire à prêcher et d’y renouveler les couleurs rouges et marbrées qui y sont et de remplir les égratignures qui sont au-dedans et aux escaliers. Et ce, le tout, pour et moyennant le prix et somme de mille quatre cents livres laquelle susdite somme lui sera payée par la Communauté, savoir 600 livres au commencement du travail, 400 livres lors de la moitié du dit travail et les 400 restant pour parachever la susdite somme de 1400 livres de l’entier prix du présent bail dès que le tout sera parachevé et reçu, lesquels susdits entiers travail le Sieur Pichou s’oblige d’achever dans un an, savoir les fondements, murailles, voûte qui servira de vestibule, escalier et contremur, fonts baptismaux, couvert de l’église avec tout le dedans de celle-ci, démolition du vieux clocher, remise du couvert sur la voûte achevés dans 6 mois et le restant du susdit nouveau clocher dans les autres 6 mois, avec l’intervalle d’un mois d’une voûte à l’autre afin que ladite bâtisse puisse faire sa prise par le susdit reposement.
     
        Et étant ici présent le Sieur Jacques Audouy maître fouloneur de la ville de Limoux, lequel bien et dûment informé de la teneur du présent bail et de l’importance de celui ci par la lecture qui lui en a été faite par nous Notaire et par lui-même du susdit devis,  c’est de son bon gré, pure et franche volonté, qu’il a donné pleine caution et principal acceptés pour ledit Sieur Pichou sans division ni dispense de dettes ni de biens à quoi il a par exprès renoncé, ayant été par exprès convenu que l’argent qui doit être donné au dit Pichou doit être remis par son  consentement au dit Sieur Audouy, caution qui y en fera ses reçus et quittances que d’ores et déjà le dit Pichou approuve comme s’il le faisait lui-même, auxquelles fins et pour le contenu au présent faire valoir les dits Sieurs Consuls obligent les biens de la Communauté et les dits Sieurs Pichou et Audouy les leurs, sous ladite clause solidaire. Le tout soumis à justice, fait et récité en présence des Sieurs Antoine Amalric, clerc tonsuré et le Sieur Jean Pierre Amalric son frère, signé avec parties et Nous Notaire.
                               Signatures de :
                                                              Vasserot  Consul  Royal
                                                               Izard        Consul
                                                               Assezat, Marsan, Amalric, Amalric
                                                               Pichou                 J. Audouy                  


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