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     Questions relatives à la population. Couiza chef lieu de canton à 15 kms de Limoux.

    Le territoire assez restreint a la forme d’un cerf volant décapité ; il est entouré par les communes limitrophes dont les villages sont très rapprochés de Couiza. Il forme deux sections : le village fort aggloméré et le hameau des Patiasses auquel tiennent les deux fermes de Jaffus et de l’Aram.

    La population totale est de 1034 habitants : le village 1002, les hameaux 32. Elle tend à augmenter vu que le recensement de l’année 1866 ne fournit que 920 habitants. Elle est généralement sédentaire et n’émigre pas.Au contraire, des étrangers qui travaillent à Espéraza et qui ne trouvent pas des logements dans cette localité viennent élire domicile à Couiza.

    Le pays sans être riche est florissant grâce à la chapellerie et à quelques autres petites industries. Quant au revenu agricole il est peu considérable : il ne suffit pas à la consommation locale. La population vit au jour le jour comptant sur le salaire du lendemain, et un mois de chômage met la plupart des familles dans la misère.

    Le climat est sain. Cependant le village est dans l’eau et l’humidité permanente qui règne dans toutes les maisons cause des rhumatismes et des humeurs froides comme à Espéraza. Couiza est construit sur un terrain d’alluvion, au confluent de l’Aude et de la Sals, et au niveau de l’eau : la moindre crue immerge les trois quarts des habitations ; j’ai vu plusieurs fois ces deux rivières se donner la main sur la place publique et entrer dans l’Eglise, l’Ecole, la Mairie et la plupart des maisons. D’ailleurs, les filtrations se voient partout jusqu’au premier étage, car en construisant on ne prend pas les précautions convenables pour les en garantir. 

     

    Géographie physique.

    La commune de Couiza est bornée au Nord par Luc sur Aude, à l’Est par Coustaussa et les Bains de Rennes, au Sud par Rennes et à l’Ouest par le fleuve de l’Aude qui la sépare de Montazels et d’Espéraza. Elle est longée par l’Aude se dirigeant du Sud au Nord, elle est traversée par la rivière de la Sals venant de l’Est et faisant un angle droit en tombant dans l’Aude.

    Le sol est accidenté : on y trouve les collines du Soula, de Mont Joseph, du Single ; leurs pentes assez raides sont couvertes de vignes, d’oliviers et d’autres arbres fruitiers, les coteaux moins élevés fournissent de bons vins, de bonne blanquette, de bonne huile. La vallée est très étroite mais fertile. Elle a environ 500m de largeur moyenne sur une longueur de 5000m environ, ce qui donne 250 hectares pour la plaine et 618 hectares pour les coteaux.

    Le village est à 223 mètres d’altitude et les collines les plus élevées sont à environ 80 mètres au-dessus du sol du village. Il n’y a pas de site qui mérite une mention particulière. Le sol est sablonneux dans la vallée et marneux dans les coteaux.

     Météorologie. 

    J’ai remarqué que la plus haute température a été en juillet 1871 de + 38 degrés centigrades (le thermomètre étant placé à la fenêtre de l’école) et la plus basse en janvier 1870 de – 9 degrés. Je crois que la température ordinaire et moyenne doit être de + 22 degrés.

    La neige est assez rare et n’y séjourne pas plus de huit jours de suite dans les hivers froids ; dans les autres, deux jours. Le vent d’Est appelé Marin dans le pays règne environ 100 jours, le vent d’Ouest appelé Cers prédomine environ 200 jours, celui du Nord 35 jours et celui du Sud, vulgairement dit Espanine ou vent d’Espagne 30 jours. Le Marin détruit les fruits et les récoltes en contrariant la floraison. Le Cers, au contraire, favorise les fruits et mène ordinairement les récoltes à bon terme. Les orages et les grêles sont peu fréquents.

     Agriculture.

    La surface de la commune de Couiza est de 868 hectares d’après le cadastre. Cedtte surface est ainsi divisée : Champs 268 hectares Vignes 187 hectares  Bois et landes 205 hectares Routes et rivières 208 hectares Total égal à 868 hectares Mais la proportion des champs aux vignes est changée depuis la formation du cadastre. La surface en vigne est actuellement bien plus grande que celle des champs. Les principales cultures sont : le blé donnant au plus 400 hectos de récolte, insuffisante pour la population, quelque peu de seigle, de maïs, d’orge, d’avoine et de pommes de terre. La vigne devient de plus en plus importante et le vin récolté dépasse les besoins de la consommation locale ; le véritable intérêt de la localité serait de planter tout en vignes. On récolte encore de l’huile, du miel, des prunes que l’on fait sécher, des graines de luzerne et de Sainfoin, beaucoup de fruits de toute espèce et particulièrement ceux de la région de la vigne. L’élevage du bétail est complètement nul. L’industrie agricole n’offre rien d’important. Il y a cependant deux moulins à farine et deux moulins à triturer le plâtre.

     Industrie.

    La localité n’a en fait de mines que des carrières de plâtre très abondantes, au nombre de quatre. Elles fournissent de la pierre à plâtre à triturer à cinq usines : 2 à Couiza, 1 à Coustaussa, 1 à Montazels et 1 à Caderonne (Espéraza). Il y a aussi des rochers calcaires exploités par des chaufourniers qui fabriquent une chaux excellente. Les eaux soit minérales, soit thermales, sont nullesLes établissements industriels sont la principale ressource du pays et la cause de son aisance relative. Une grande fabrique de chapeaux qui occupe directement ou indirectement 180 ouvriers marche constamment. Plus de 200 autres ouvriers et ouvrières de la même industrie ont de l’ouvrage à Espéraza, distant de 3 kilomètres. Cette vaste usine, où l’on fabriquait du drap autrefois, est employée aujourd’hui à préparer les laines de la chapellerie. On trouve aussi à Couiza quelques petits fabricants de serges et toiles, des cloutiers divisés en quatre ateliers.

     Commerce

    Les seules productions livrées au commerce sont : pour l’agriculture : le vin, les fruits secs ouverts, l’huile, les graines, le plâtre trituré ou non. Pour les objets manufacturés : les chapeaux, les serges, les toiles, les clous.

    La Chapellerie a ses débouchés dans l’Amérique et dans les colonies.

    Trois foires importantes (25 juin, 29 août, 30 octobre) sont les rendez-vous de la population des environs : des marchandises de toute nature y sont étalées ; des bêtes à laine en grand nombre, des oies, dindons, porcs, bœufs y sont conduits et donnent lieu à des affaires importantes.

    Couiza a aussi un marché mais il ne se tient pas.

    Histoire.

    Aucun personnage remarquable n’a illustré Couiza.

    Il y a cependant un château assez bien conservé, composé de quatre tours rondes formant les quatre angles d’un carré parfait. Elles sont réunies par quatre courtines, garnies ainsi que les tours de nombreuses meurtrières et machicoulis, on y voit encore une prison souterraine et des oubliettes. Ce château construit sur le bord de l’Aude parait remonter au Moyen Age, pour sa construction. La chronique locale prétend qu’il a été bâti, ou tout au moins restauré par le Duc de Guise, et le village lui-même aurait pris le nom de ce personnage.

    L’Eglise est neuve, sa reconstruction est de l’année 1856.

    Couiza possède deux écoles : une de garçons comptant 80 élèves et dirigée par un seul instituteur laïque, une école de filles confiée à trois sœurs de l’Ange gardien, et une garderie confiée à ces mêmes religieuses.

    Il y a un curé doyen et pas de vicaire.

    Une brigade de gendarmerie à cheval.

    Une Direction des Postes.

    Une Justice de Paix avec un seul suppléant, un greffier et un huissier.

    Un chef lieu de Perception.

    Un relais de poste aux chevaux.

    Un bureau de l’Enregistrement des Domaines.

    Un bureau de tabacs et régie des contributions indirectes.

    Un hôtel- restaurant.

    Un agent voyer cantonal.

    Deux ponts.

    Couiza est traversé par la route nationale n° 118 d’Albi en Espagne, et par la route départementale n° 12 de Narbonne à Chalabre.

     Fait à Couiza, le 29 décembre 1872

    L ’Instituteur de Couiza,

     FONVIEILLE

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