• Nous sommes en 1952.

    Le Maire Jean-Baptiste BIEULES vient de décéder.

    A l’unanimité, les Conseillers Municipaux demandent à Edouard PECH de lui succéder. Cette nouvelle municipalité va entreprendre la plus importante réalisation de son mandat.

    Depuis 1936, notre commune ayant acheté aux enchères le terrain du Parc municipal actuel à l’unique héritière d’Isidore GABELLE, l’a doté d’un court de tennis, goudronné et grillagé pouvant recevoir les compétitions officielles. En plus de cet équipement, la Municipalité avait également fourni raquettes de tennis et balles à nos classes élémentaires.

    Messieurs les Instituteurs ABADIE Jean et AUBERT Albert initièrent leurs élèves à ce sport peu connu à cette époque dans les écoles primaires rurales. Depuis, il a été largement pratiqué à Couiza et nous avons eu l’honneur de rencontrer de brillantes équipes de Carcassonne ou de Toulouse et de remporter d’éclatantes victoires.

    Mais COUIZA, sitôt après la guerre de 39 / 45 s’est trouvé avec des classes surchargées en effectif dans des locaux sous-équipés. Il s’agissait de 2 classes filles dans la Perception actuelle et de 2 classes garçons dans la Mairie. Toutes quatre sont en bordure de la route 118, avec des cours trop petites et sans équipements, des sanitaires très rustiques, pas de préau, un chauffage au poêle bois ou charbon peu efficace. Le matériel éducatif : tableaux, cartes et les pupitres n’étaient pas très satisfaisants. Seule la gravure de l’ÅNE trônait en bonne place car Mr ABADIE envoyait s’agenouiller devant lui les élèves qui commettaient des fautes d’orthographe dans leur dictée. Autant de fautes, autant de hi-han devant l’ancêtre qu’il fallait saluer.

    Le Conseil Municipal décide de changer tout cela.

    Il ne retint pas la solution d’une restauration de cet ancien ensemble, datant des années 1884 et 1885, et opta pour la construction d’une nouvelle école qui comprendrait les 6 classes nécessaires pour filles et garçons avec logements pour les Instituteurs.

    Le PROJET était décidé.

    Pour cela, il fallait acheter un terrain assez grand et situé dans le village pouvant recevoir les nouvelles constructions. Le lot que Mme Marthe FAURE avait acheté en 1936 aux enchères à la fille d’Isidore GABELLE répondait à cette demande. Il est situé à l’emplacement actuel du Collège et des écoles Primaire et Maternelle.

     Histoire de COUIZA

     

    L’ancien chemin d’Escueillens à Rennes-le Château, arrivant du Pont Vieux, empruntait la rue de l’Eglise, la place Denis, la rue des 4 coins, traversait la route d’ Alby en Espagne, débouchait sur la place Ste Anne et contournait un petit pâté de 3 maisons en forme de triangle, bordé par deux ruelles très étroites. La place Ste Anne était pratiquement fermée par un fronton représenté par ces trois maisons . Ces 2 ruelles débouchaient sur un accès unique devant les maisons de l’actuelle Avenue du Collège à hauteur de la maison DAVID. Cette voie continuait en traversant le terrain occupé par le Collège et attaquait la colline.

    C’était le tracé de l’ancien chemin de Rennes-le-Château , qu’on appelait alors «  La Traverse ».

    La partie Ouest de ce terrain, espace vert, allée de prunus et école maternelle aujourd’hui, surélevée de 1,5 m, était clôturée par un mur en pierres de 2 m de haut. Le chemin en contrebas, devant les maisons avait tout juste 3 m de large. Le côté Est, occupant l’espace de l’école primaire et des dépendances de l’atelier Euro Impression était à son niveau actuel et retenu par un mur de 1,5 m de haut donnant sur le début de la Promenade de Gournet.

    Il est vrai que la nouvelle route de Rennes-le-Château construite en 1924 avait supprimé tout trafic important sur l’ancien chemin qui ne desservait plus que les jardins et les champs de Gournet en bordure de la Sals.

    C’était donc un emplacement, jouxtant le village, mais bien que desservi par un accès très étroit à la sortie de la place Ste Anne, pouvait répondre après certains aménagements aux critères demandés.

     Histoire de COUIZA

     

    Son achat ne fut pas des plus faciles, Mme Marthe FAURE ne souhaitant pas vendre. Le Conseil Municipal procéda alors à l’expropriation pour raison d’utilité publique.

    De fortes tensions, verbales au début, envenimèrent rapidement et sérieusement les relations entre Mr Edouard PECH et Mme Marthe FAURE.

    Des menaces suivirent et Mm Edouard PECH dut faire appel à la Brigade de Gendarmerie et déposer plainte auprès du Tribunal.

    Un procès fut alors instruit.

    Cependant Monsieur le Maire ayant bien travaillé sur son projet, avait , avec l’architecte Mr BOURRELY Père, arrêté les plans de la nouvelle construction. Par dérogation, le permis de construire fut déposé et accepté et les travaux adjugés à une entreprise de Lézignan.

    Les travaux commencèrent en fin d’année, sous une forte pression nécessitant une surveillance constante de la gendarmerie.

    Ils comprenaient un sous sol, qui n’étant pas déblayé dans un souci d’économie, ne put être utilisé dans l’immédiat. Seule la chaufferie pour un chauffage central par radiateurs, alimentée au charbon, mode imposé par les directives gouvernementales de l’époque, y fut installée.

    - A l’étage, après l’escalier extérieur menant à l’accès principal se trouvaient le bureau de Mr le Directeur, un local pour l’administration et une salle de réunion pour les instituteurs. Longeant la façade nord, un long couloir desservait de chaque côté de l’entrée l’accès aux 3 classes pour les filles et aux 3 classes pour les garçons. Aux extrémités de ces couloirs se trouvait un immense préau communiquant donc avec les classes qui l’utilisaient les jours de mauvais temps.

    - Côté sud, une cour spacieuse desservait toutes les classes. Accolé à la colline, un troisième grand préau abritait en plus les casiers des élèves et les vélos des ceux qui étaient éloignés. Des sanitaires complétaient l’équipement.

    - Le premier étage de tout cet ensemble comprenait les logements des maîtres.

    - Ce bâtiment, construit en matériaux ininflammables des fondations jusqu’au toit, formant un ensemble très harmonieux, représentait un réel progrès par rapport aux bâtiments d’enseignement existants.

    - Pour représenter le 1% des dépenses, retenu pour un sujet culturel, le Conseil Municipal choisit d’orner le fronton de l’escalier monumental d’accueil d’une série de moulages en rapport avec des fables de La Fontaine.

    Les travaux, avec un financement assuré et consolidé par les subventions demandées occupèrent les entreprises pendant plusieurs mois.

    Pour les faciliter, Monsieur le Maire Edouard PECH avait résolu le problème du verrou des 3 maisons et de l’exiguïté des 2 ruelles d’accès qui auraient pu gêner la circulation des camions. Il avait pour cela, après de longs et patients entretiens, trouvé les compromis pour démolir les 3 habitations concernées. Soutenu par l’ensemble de son Conseil Municipal, utilisant les relations des uns et des autres, il avait proposé des solutions amiables qui consistaient à reloger les familles intéressées. La Municipalité sut trouver les compensations nécessaires pour acheter de nouveaux logements.

    C’est tout à l’honneur des dirigeants de la Commune et des propriétaires concernés qui, par leur compréhension et leur sagesse réciproques, permirent des échanges difficiles, mais réussis, en donnant satisfaction aux deux parties.

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    La place Ste Anne n’était plus fermée.

    Il n’y avait plus d’obstacle. Désormais une large ouverture offrait la possibilité d’une occupation rationnelle de tout le terrain acheté pour l’opération en cours et devait constituer un accès digne de ce nom au futur ensemble.

    L’avenue du Groupe Scolaire était née.

    Depuis, nous savons qu’elle est devenue Avenue du Collège, desservant également la Maternelle puis l’école Primaire, puis la Bibliothèque.

    C’est la vraie Rue des Ecoles.

    Depuis aussi elle a servi le secteur économique de notre commune en se prolongeant jusqu’à la Promenade de Gournet pour desservir les 2 lotissements de Gournet après le Bloc HLM de 24 logements. Elle est devenue complémentaire du Pont de Gournet sur la Sals dû au Président Robert Capdeville. Encore aujourd’hui elle reste un axe prioritaire de la future maison de retraite du Pla du Moulin.

    Certes, il n’y a pas de plaque scellée au mur rappelant toutes ces actions, mais elles sont bien là, nous les voyons tous les jours, nous en bénéficions, et nous apprécions les initiatives de leurs auteurs.

    Le procès qui donna tant de soucis et de difficultés à Monsieur le Maire Edouard PECH rendit sa sentence en déboutant la demanderesse. Mme Marthe FAURE, perdant son procès fut payée par la commune pour la vente de son terrain sans obtenir de dédommagement supplémentaire.

    Les travaux du Groupe Scolaire pour les Ecoles Primaires de la Commune de Couiza ont pris fin en mai 1954. La réception des travaux a eu lieu en présence de M. le Préfet de l’Aude, de M. le Sous Préfet de Limoux, de M. le Commandant de la Brigade de Limoux, de M. André SAUNIERE représentant la Trésorerie Générale, de M. Jean-Marie MARTY Agent Voyer , de M. BOURRELY Père architecte , de M. Robert CAPDEVILLE entourant le maître d’ouvrage :

    M. Edouard PECH Maire de Couiza.

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    C’est M. Albert AUBERT qui, dès la rentrée 1954-1955 fut le Directeur de ce Groupe de 6 classes filles et garçons.

    Il convient de noter ici en conclusion la volonté du Conseil Municipal des années 1950, lequel par sa pugnacité, son fort engagement, entièrement bénévole, sut malgré les difficultés, porter et mener à bonne fin un grand projet communal faisant honneur aux responsables de petites collectivités.

    Nous savons aujourd’hui que le dévouement et l’énergie exemplaire du Maire Edouard PECH ont été pris en exemple par les équipes dirigeantes qui lui succédèrent, favorisant le développement de ce quartier et de notre Commune.

     

    Merci monsieur le VISIONNAIRE et VIVE la RUE DES ECOLES.

     

    Avril 2011

    René PECH

    Lucien FAURE Maire honoraire

     


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