• MEMOIRES  de  COUIZA

    des ORIGINES avant NOTRE ERE jusqu’en  801 

     

     

    I-  A  l’ AUBE  de  l’ HUMANITE

     

     

    II-  ET  CHEZ  NOUS

     

    1-  Narbonne

    2-  Carcassonne

    3-  La Lagaste

    4-  Alet

     

     

    III-  Les  ROMAINS

     

    1-  Narbonne

    2-  Carcassonne

    3-  La  Lagaste

    4-  Alet

    5-  Rennes  les Bains

     

     

    IV-  La SITUATION   de  COUIZA  sous  les  ROMAINS

     

     

    V-   Les   BARBARES

     

     

    VI-  Les  WISIGOTHS

     

    1-  Narbonne

    2-  Carcassonne

    3-  Alet

     

     

     

    VII-  Les  FRANCS

     

     

    VIII-  RENNES  le  CHATEAU

     

     

    IX-     CONCLUSION   -     mes   REMARQUES

     

    1-  Sur les constructions et activités

    2-  Sur les divers peuples

    3-  Sur l’importance de l’ibérisation

    4-  Avec l’intervention de l’Histoire

    5-  Fin du récit

    MEMOIRES  de COUIZA

     

    des  ORIGINES  AVANT NOTRE ERE JUSQU’EN  801

     

    par Lucien FAURE, Maire Honoraire de COUIZA

                                                                                      annoté par Maud YVON, Archiviste

     

        Mémoires de Couiza nous demande de raconter nos souvenirs assez récents mais nous interroge aussi sur le passé et les origines de notre village.  

          Nous n’en connaissons rien, pas un auteur ou un historien n’ayant marqué un intérêt sur ce sujet insignifiant pour eux.

         Et pourtant, Couiza est là, et il est bien né un jour.

         En compulsant divers ouvrages, j’ai essayé, en regroupant certains éléments, de trouver un  habitat, une vie.

         Elargissant au début mes recherches dans la grande région de notre département, peu à peu, je me suis rapproché de  notre canton pour essayer d’arriver à  notre village.

         Y suis-je arrivé ?

         Ma curiosité m’a surtout rapporté de nombreuses interrogations.

         C’est en espérant vos réponses, vos corrections, que je vous présente mon humble exposé, puisé dans les écrits des divers auteurs suivants que je remercie.

         Précis d’Histoire du Languedoc Roussillon de Christian Nique

         Le Comté du Razès et du diocèse d’Alet de Louis Fédié

         Histoire chronologique de la Civilation Occitane d’André Dupuy

         Narbonne Romaine de D. Moulis, R. et M. Savié.

         Carsac, éditeur Gabelle

         Aude des origines de J. Guilaine, D Sacchi, J Vaquer

         Les Wisigoths de Georges Labouysse

         Aude, éditeur Christian Bonneton

         Histoire de Rennes les Bains, de J. Rivière et C Boumendil

         Couiza et ses et ses environs d’Isidore Gabelle

         L’ Aude de la Préhistoire à nos jours par Jacques Cremadeills

         Couiza, une ville, un canton, d’ André Marcel

         Dolmens et Menhirs du Midi de Jean Clottes

         La Lagaste de  Guy Raucoule

         La Septimanie au regard de l’Histoire  d’André Bonnery.

     

    I-  A l’AUBE  de  l’HUMANITE.

     

         Les premiers hommes sont apparus en Afrique il y a 7 millions d’années. Il faut attendre d’arriver à 1 million d’années pour que dans le territoire de l’actuel département de l’Aude, qui n’a que de très faibles traces des premiers hommes qui l’ont peuplé, soit « trouvé » un galet retaillé sur le plateau de Grazailles à Carcassonne.

         Pour cette période, l’Histoire, par manque d’éléments, ne peut rien nous apprendre. Seule, l’archéologie par de nombreux objets découverts, permet de signaler la présence de vie humaine.

                Il y a 450.000 ans avant J.C., sur le site de Tautavel, en bordure de nos Corbières – massif très largement audois – a été retrouvé un des plus anciens témoignages, connus à ce jour en Europe, de la vie quotidienne des Hommes.

         Ces derniers vivent de produits fournis par la nature, la chasse et la pêche. Ils ne connaissent pas le feu, ne sont pas cultivateurs et ne pratiquent pas le culte des morts. Ils sont probablement anthropophages. Ils taillent des outils en pierre pour découper les carcasses et racler les peaux pour se vêtir.

         Divers climats, froid et sec, doux et tempéré, ont alterné leurs conditions de vie en favorisant la chasse de divers animaux : rennes, bœuf musqué, renard polaire, pour les périodes glaciaires, cheval, rhinocéros, éléphants, pour les périodes tempérées.

     

                Vers 50.000 ans avant J.C.. Entre temps, le feu est apparu et se diffuse en Europe. Les hommes évoluent dans un paysage de steppes, sous un climat rigoureux, menant une vie nomade, tantôt dans des grottes, tantôt dans des campements en plein air.

         Quelques sites sont connus dans l’Aude : grottes de Belvis, de Bize Minervois, de Sallèles Cabardès et de Villardonnel.

         Leur régime alimentaire est toujours centré sur la chasse des animaux qui les entourent. Ils utilisent des outils taillés dans la pierre : couteaux, racloirs, grattoirs, burins, nécessaires à leur vie de chasseurs.

         Ils ont gravé sur des parois rocheuses ou des os quelques représentations animales.

     

                Vers 11.000 ans avant J.C., le climat change. Il se radoucit et ressemble à celui d’aujourd’hui. La forêt s’étend avec des bouleaux, des pins, des pins sylvestres et des noisetiers, puis des chênes, des ormes, des tilleuls et des genévriers.

         C’est aussi l’éclosion des arts plastiques et un premier épanouissement humain retrouvé dans l’organisation interne des habitats. Il se devine la perspective d’une humanité naissante, avec une meilleure répartition  des tâches, exprimée dans la cohérence des groupes sociaux. On retrouve aussi un fractionnement des communautés qui, en se multipliant, dénote un accroissement de la population. C’est également la naissance des premiers harpons qui permettent d’améliorer le rendement des produits de la pêche et de la chasse.

     

                Vers 6.000 ans avant J.C.,  les outils se multiplient et deviennent de plus en plus petits et précis. Ainsi on trouve de petites haches, des pointes de flèches et des harpons sur les sites de : Gruissan, Bize Minervois, Fontanès de Sault, Arques et Camps.

         La vie progressivement devient de plus en plus sédentaire dans des lieux toujours choisis près d’une source.

         L’homme ne se contente plus de la chasse ou de la cueillette ; il devient producteur et pratique l’élevage de caprins, de bovins et de porcs. Il cultive les céréales.

         Les premières céramiques apparaissent, assez grossières mais fabriquées localement.

         La déforestation s’intensifie.

         Le buis fait son apparition. Il est utilisé rapidement dans la vie courante.

     

              Vers 4.000 ans avant J.C., l’homme se sédentarise de plus en plus et commence à pratiquer des activités agro-pastorales avec des haches polies pour ses travaux de boucherie, des outils agricoles et des ustensiles pour la préparation des aliments et la conservation des récoltes.

         La garrigue se met en place.

         Les habitations faites de tentes et de cabanes cèdent lentement la place à des murs en pierres sèches.

         Par besoin, la transhumance commence à se pratiquer. Les troupeaux vont sur les hauts plateaux et permettent l’élaboration  de fromages d’après la découverte de faisselle

     

     

              Vers 3.000 ans avant J.C., l’habitat se modifie.

         Aux grandes communautés villageoises succèdent des établissement dispersés et de petite taille.

         Des ustensiles de cuisine : écuelles, jarres, grosses marmites , sont retrouvées dans les grottes de Cabrespine, de Sallèles Cabardès, d’Ouveillan et de Véraza.

         Au bout de quelques années les terres agricoles, devenues trop pauvres pour être maintenues en culture, ne peuvent nourrir et garder les agriculteurs qui sont obligés de se déplacer.

         Bien qu’en retard sur les pays de la Méditerranée Orientale, les premiers araires sont utilisés. Le cheval commence à être domestiqué.

         La vigne et l’olivier sont déjà cultivés, mais de façon rudimentaire.

     

                Vers 2.000 ans avant J.C. apparaît la technique des alliages et en particulier du bronze mélangé de cuivre et d’étain attesté par les habitats des grottes de Cabespine et de Véraza.

         Les premiers instruments en bronze, haches et poignards, sont de meilleure qualité que le silex.

         Des bijoux sont également créés, comme à Lastours.

         L’étain provenant de Grande Bretagne est transporté par mer ou acheminé par terre en chariots traversant toutes les Gaules.

         Le figuier fait son apparition.

     

                Vers 1.200 ans avant J.C. on dénote un important bouleversement culturel et cultuel.

         Aux sépultures collectives se substituent les incinérations individuelles. Les cendres sont placées dans des urnes.

         La vigne et l’olivier sont mieux cultivés.

         Tous les objets en bronze cassés sont récupérés pour être fondus et réutilisés.

     

                Vers 1.000 ans avant J.C. les conditions de vie nettement améliorées permettent d’employer le nom de « civilisation » bien que l’écriture n’existe pas encore.

         En effet, nous savons qu’il y a plus d’un million d’années que des hommes vivent ici au bord de la Méditerranée et dans nos collines et nos montagnes. Ils ont construit par leur présence notre « espace » dans lequel nous vivons aujourd’hui délimité dans le Languedoc, l’Aude, et très modestement notre village.

         Le climat méditerranéen est notre « unité » naturelle. Des hivers doux et lumineux, des étés chauds et secs, des automnes soudainement ponctués de pluies torrentielles, rythment notre temps. Un ensoleillement généreux, contrarié par des vents souvent violents qui sont le Cers ou le Marin, dispense une éclatante luminosité sur nos paysages

         Lieu de passage, nous avons de tout temps accueilli d’autres peuples qui, se mêlant à notre population par une intégration presque parfaite, ont permis une progression constante sur tous les sujets que demande la vie.

         C’est donc déjà dans un très vieux fond local que sont venus par mer et par terre se mêler des populations indo-européennes, détentrices de cultures différentes, plus avancées que la nôtre et dont ils nous font bénéficier.

         Rapidement ces nouveaux apports, acceptés, appréciés et pratiqués, donnent naissance à une brillante civilisation d’un degré méconnu dans le grand pays des Gaules.

         L’incinération se répand largement.

     

                Vers 650 ans avant J.C. débute l’âge de fer.

         Les ligures du Nord de l’Italie et les Ibères du Sud de l’Espagne nous apportent leur langue et leur écriture. Puis les Grecs, qui ont déjà créé Agde et Marseille, nous font connaître la technique de l’utilisation du tour.

         Pour les potiers, c’est une véritable révolution.

         Les céramiques, jusqu’alors confectionnées entièrement à la main par un  travail direct par serrage et modelage de la pâte de terre, vont par la technique du tour se perfectionner et se multiplier.

         Dans l’Aude, de vastes agglomérations paysannes se développent, créant de véritables carrefours commerciaux à Mailhac, Sigean, Narbonne, Carcassonne, Villasavary, Villeneuve la Comptal, Bouriège et La Lagaste à Rouffiac.

         La culture de la vigne et de l’olivier déjà exploitée fait d’énormes progrès.

     

                Vers 500 ans avant J.C.,  l’influence Ibérique se fait ressentir de plus en plus fort.

         C’est le second âge du fer.

         D’anciens sites sont démolis ou incendiés, certains reconstruits. D’autres nouveaux apparaissent à l’intérieur des terres.

         On peut deviner dans ces mutations le rôle grandissant des contacts, grâce à la Méditerranée, représentés par les inscriptions sur tablettes de plomb découvertes dans l’Oppidum de Pech Narbo près de Sigean.

         Les sites sont désormais munis de protections naturelles : ravins, marécages, éperons, ou artificielles : enceintes en bois, de pierres ou de levées de terre.

     

                Vers 300 ans  avant J.C.

         Ces dispositifs, d’abord de protections naturelles, se renforcent en dispositifs de défense notamment liés au climat d’ensemble engendré par les incursions possibles et redoutées des bandes Celtes.

         En effet, c’est vers cette époque que la puissante,  bien que peu nombreuse, Confédération Volques vient s’installer chez nous pour vivre en parfaite harmonie avec déjà sur place les populations de Grecs, de Ligures et d’Ibères qui restent largement majoritaires.

         L’habitat évolue sur le littoral puis dans l’arrière pays, la pierre sèche est utilisée pour la construction des maisons.

         Les grandes jarres de céramique remplacent les silos pour le stockage des graines.

         Les habitants s’adonnent à l’agriculture céréalière, à l’élevage et à l’artisanat.

         Les échanges commerciaux se développent dans des oppida-marchés comme celui de La Lagaste. Des produits d’Italie : vins, amphores, vaisselles de bronze, céramiques à vernis noir, ou d’Espagne, arrivent par les ports de Marseille et d’Agde.

         Narbonne et Carcassonne connaissent un réel essor grâce au mélange de ces diverses origines raciales et aux apports innovants de produits et d’idées qu’elles ont introduit.

     

    II-  ET   CHEZ  NOUS –

     

         De l’évocation très succincte de notre préhistoire, nous avons retenu que les premiers  campements humains sont établis sur les  berges de fleuves ou de rivières.

         Ils pratiquent la chasse et la pêche et taillent des outils en silex pour pratiquer les gestes de la vie.

         Nomades, ils se déplacent suivant les rigueurs du climat et s’abritent dans des  cavernes.

         Dans le Grand Sud de la France actuelle, alors que certains « remontent » vers le Nord avec leurs troupeaux de rennes, d’autres choisissent de rester et développent l’agriculture.

         Il nous faut préciser cependant dans quel contexte cette « vie » a pu s’établir et évoluer.

         Géographiquement, notre département fait communiquer par le Seuil de Naurouze, la Provence méditerranéenne à l’Aquitaine atlantique. C’est un point de rupture mais aussi de jonction de ces deux versants.

         La « Terre d’Oc » est bien un fait de la nature.

         Par sa diversité des lieux, mais aussi des peuples qui l’ont traversé ou habité, elle a su trouver son « unité », c’est un  fait humain.

         Elle n’a jamais connu de rupture complète d’une période à l’autre. Les nombreux groupes humains porteurs de coutumes ou de civilisations différentes de divers pays, déjà sédentarisés sur son sol, se sont toujours mêlés aux nouveaux arrivants.

     

         Comme le constate le professeur Camproux

    « les Terres d’Oc, plus que toute autre, semblent avoir été, déjà dans les temps anciens, le carrefour de toutes les races qui ont déposé là leur élément particulier comme un point final de leur expansion. Ne serait-ce point précisément ce heurt et ce mélange de races en mouvement, finissant par fixer leurs différentes pointes à la rencontre de nos montagnes, qui ont créé l’originalité de l’esprit occitan ? »  

          Jolie phrase évoquant d’après l’auteur les racines et le berceau de la civilisation occitane, mettant en avant la perméabilité aux apports extérieurs et une forte tolérance caractérisant notre « manière de vivre ».

         Quelques familles nomades ou sédentaires ont-elles vécu dans les conditions, que je viens de trouver et de rapporter, dans notre confluent au bord de la Sals ou sur les coteaux du Soula ?

         Pour se rapprocher encore un peu plus de Couiza, j’ai choisi de vous présenter rapidement, en copiant les études éditées à leur sujet, les agglomérations voisines les plus importantes existant à cette époque. Il s’agit de Narbonne, Carcassonne, La Lagaste et Alet.

     

    1- Narbonne.

         Plusieurs siècles avant notre ère, un peuple, les Elisyques, vivait déjà sur les bords de l’ATAX (l’Aude). On les retrouve au IVème siècle occupant un village composé de cabanes sur les terrains de la grande boucle du fleuve (Narbonne d’aujourd’hui) : ce sont les Atacins Cet emplacement servait d’avant port pour surveiller les déplacements sur le fleuve qui avait un fort tirant d’eau et qui, avec son débarcadère, accueille les bateaux venus de Marseille ou des ports d’Italie et d’Espagne.

         Déjà depuis Marseille, le navigateur Pytheas en 327 avant J.C. est sorti de la Méditerranée pour monter jusqu’aux Iles Arctiques. A son retour, il visite les pays en bord de la Mer Baltique et d’où sont venus nos principaux envahisseurs.

      

     Histoire de COUIZA

     

     

     

     2-  Carcassonne.

     

         En permanence des archéologues découvrent des objets sur des sites qui témoignent qu’il existait, il y a plusieurs millénaires avant notre ère, une vie dans la région comprise entre Méditerranée et pays de la Garonne et entre Montagne Noire et Pyrénées.

         La campagne carcassonnaise est mise en culture 6000 ans avant notre ère comme l’attestent les plus anciennes traces des premières sociétés paysannes trouvées à Sallèles Cabardès et à Conques sur Orbiel. D’importantes séries de poteries et d’outillage en silex, abondants et diversifiés, signalent un habitat très dispersé qui occupe de grands espaces avec de nombreux villages.

         La vie d’une population en démographie croissante est permise avec un climat tempéré, dans une forêt de chênes à feuillage caduc et dans les grandes plaines du couloir, véritable passage, longeant la vallée de l’Aude.

         Plus tard entre 900 et 800 ans, à l’âge de bronze, un oppidum de grande ampleur, entourée de fossés et de talus, accueille une population qui construit des cabanes, entasse et protège ses réserves dans de nombreux silos : c’est CARSAC, situé proche de l’hôpital et de l’Ecole Charlemagne aujourd’hui. Le plateau permettait de surveiller toute la vallée.

         Ensuite, vers le 6ème siècle, c’est l’âge de fer, ce site ancêtre est abandonné et la population se regroupe sur la butte de la Cité actuelle qu’elle ne quittera plus.

         Ainsi fut née le premier « oppidum gaulois » le plus proche de chez  nous.

         C’est un petit marché local alimenté par des agriculteurs, des éleveurs et des artisans. Il connaît une extension dont témoignent les enceintes successives doublées de fossés défensifs.

         Les habitants vivent dans de petites cabanes éparpillées sur le site. Ils pratiquent l’élevage de bovins, de chèvres, de moutons et de porcs. Le cheval est domestiqué. Ils chassent l’auroch et le sanglier et cultivent du blé, de l’orge et de l’avoine. Chaque famille a sa réserve de grains dans des jarres ou des silos pour conserver les semences. Il y a plusieurs fours de potiers, de métallurgistes et de boulangers. En plus de la production locale, d’autres céramiques sont importées d’Italie, de Grèce, d’Espagne et même du Maghreb.

         Et comme toute communauté, une hiérarchisation se dessine, se doublant d’une pyramide sociale favorable à l’ascension d’une élite.

         Le musée de Carcassonne expose de nombreux articles, pointes et flèches pour la chasse, épées, haches, ainsi qu’assiettes, gobelets, faisselle à fromage, entonnoirs, coupes, amphores, jarres, et même bijoux avec des bracelets, des colliers et des boucles d’oreille.

         A côté, à Couffoulens, à la même époque précisent les archéologues, une autre communauté se sédentarise.

         Elle brule ses morts et les ensevelit dans une nécropole.

         Cette première « organisation » en pays carcassonnais prouve bien qu’une vie s’est développée dans  notre région.

     

    3- La Lagaste.

     

         Parallèlement à un oppidum-marché comme à Bouriège-Carla, nous avons un nouveau site dans la vallée de l’Aude. C’est une exploitation agricole fixée sur un plateau de plus de 50 hectares dominant l’Atax. Il est cadastré dans les communes de Pomas et de Rouffiac d’Aude.

         C’est le type même de l’habitat primitif gaulois dispersé dans les collines. Créé très certainement vers le Vème siècle avant J.C. il n’évoluera pas pendant quelques siècles. Placé près d’un gué sur l’Aude, c’est un véritable croisement des routes venant des Corbières par le Val de Dagne allant vers le Lauragais, et de l’axe Carcassonne vers la Haute Vallée en utilisant les coteaux.

         Mais son implantation et son développement n’intéresse qu’une faible population.

     

     

    4- Alektha – Aletha – Alet.

     

         La ville est édifiée sur un territoire en forme de bassin entouré de tous côtés de hautes montagnes. Son sol produit des cultures maraîchères de toutes espèces et des fruits des plus savoureux.

         Il a été dans la plus haute antiquité un lieu de prédilection par les riverains du fleuve sacré ATAX : les Gaulois Atacins.

         Louis Fédié n’hésite pas à considérer Alet comme un oppidum Gallo Celtique. Il se repère à des débris de poterie, exhumés des profondeurs du sol à diverses reprises, et d’autres découverts dans un reste de galerie souterraine mise à jour en faisant des travaux de terrassement dans le parc qui touche à l’établissement thermal.

         Ce serait donc une tribu gauloise à une époque très reculée qui aurait créé le bourg d’ ALEKTHA.

     

    III-  Les  ROMAINS –

     

         Dès le IIème siècle avant J.C., en moins 121, c’est l’occupation romaine  par l’empereur Domitius suivi de la fondation de Narbonne en  moins 118.

         Son emplacement est immédiatement exploité en favorisant la mise en place d’une forte activité économique par l’acheminement des denrées vers des régions plus occidentales : secteur de Toulouse puis l’Aquitaine.

         Elle devient rapidement une grande ville.

         Les artisans audois produisent et fournissent des céramiques : urnes, vases, écuelles de façon semi-industrielle.

         C’est à cette époque que l’usage de la monnaie se généralise et c’est dans ce contexte que la domination de l’Empire Romain va s’affirmer d’année en année.

         Les nouvelles voies ouvertes permettent à une administration rigoureuse, mais bien définie, de gérer dans les meilleures conditions son immense territoire.

         De nombreux édifices : amphithéâtres, arènes, ponts, aqueducs - tel celui du Pont du Gard qui amène les eaux captées à Uzès pour alimenter Nimes - sont les monuments encore présents affirmant une forte prospérité.

         Nous sommes placés désormais sous la tutelle de Rome pour plusieurs siècles et nous pouvons suivre  son  évolution en constatant son poids et son influence sur les sites de :

     

    1- Narbonne.

     

         Au IIème siècle avant notre ère les Romains interviennent en Gaule avec les généraux Domitius et Maximus après avoir remporté dans la Vallée du Rhône une éclatante victoire sur les Arvernes et les Allobroges.

         Domitius, attiré par la beauté de nos sites, entreprend aussitôt la conquête et la pacification des contrées méditerranéennes. Il impose la loi de Rome aux indigènes des pays conquis et fait tracer la construction d’une route reliant l’Italie à l’Espagne, appelée Voie Dominitienne.

         L’installation de troupes, en assurant la sécurité des peuplades, lui permet aussi d’attribuer les meilleures terres aux colons venus d’Italie.

         Narbo Martius  est fondé.

         Profitant d’un fort développement elle devient la capitale d’une immense province romaine allant du Lac Léman jusqu’à Antibes et jusqu’aux Pyrénées en englobant Toulouse.

         L’empereur César en  moins 52 vient la défendre et en moins 27 l’empereur Auguste y établit les assemblées provinciales qui s’y réuniront régulièrement.

         La vigne et l’olivier, déjà connus et exploités, se développent par de nouveaux plants importés.

        

         De par ses activités économiques, politiques, parfaitement soutenues par Rome, Narbonne devient un très grand port, le plus grand des Gaules en supplantant Marseille.

         Le temple du Capitole et d’autres monuments sont construits.

         Le commerce maritime vers Ostie, Carthage, Ampuries etc. permet la réalisation de grandes fortunes qui sont réinvesties sur la ville lui donnant la dimension et le caractère d’une capîtale. Les nombreuses marchandises sont le vin, les céramiques, le marbre pour l’Italie, l’huile et le vin pour l’Espagne, la vaisselle, les lampes à huile pour l’Afrique du Nord. Ces transactions permettent notamment les exportations des produits de céramique et du blé du Lauragais et du minerai de fer des Corbières.

         Ce commerce local très florissant créé une animation quotidienne du côté des Thermes publics et des jours de fêtes près des Arènes. Les artisans, tanneurs, forgerons, potiers etc.…, provoquant des nuisances, sont installés en périphérie  La construction répond à tous les besoins pour les villas privées ou les immeubles locatifs, différents suivant les quartiers. La pierre, la brique crue, les bois sont les matériaux les plus utilisés. Les cloisons ou plafonds en roseaux sont liés par l’argile ou du mortier de chaux. Les toits sont couverts de tuiles.

         Des fontaines publiques et des latrines municipales desservent toutes les locations.

     Dans les jolies demeures avec jardins, puits, salle à manger, la maîtresse de maison fière, habillée et bien coiffée (comme à Rome), reçoit de nombreux invités. Le repas du soir est le plus important, il permet de se retrouver pour manger en position allongée sur des lits, à la clarté des lampes à huile. La nourriture est à base de céréales et de légumes : pois chiches, fèves. L’étang fournit le sel et toutes variétés de poissons et de coquillages.

         Les agriculteurs approvisionnent en viande de porc, sanglier, bœuf et mouton. Les fruits sont très appréciés : pommes, poires, prunes, cerises, grenades.

         Toutes les marchandises sont entreposées et conservées dans de grands magasins-dépôts souvent souterrains. Ce sont les réserves aussi pour le vin, l’huile, le blé, les légumes.

         Le boulanger moud son propre grain.

         Des écrivains publics offrent leurs services aux passants.

         Mais en 145 un immense incendie ravage la ville qui se reconstruit cependant.

         Avec le IIIème siècle commence le déclin économique. La Vallée du Rhône continue à prospérer mais les frontières de l’Empire Romain deviennent perméables aux invasions barbares. En toute hâte on élève des remparts ceinturant la ville ; tous les monuments romains : stèles, mausolées, portes, arcs de triomphe, amphithéâtres, etc… servent de carrières de pierres pour leur édification. Quelques éléments de ces monuments sont conservés aujourd’hui au Musée Lapidaire.

         Au IVème siècle, les chrétiens bâtissent des églises dans la ville et inhument les corps des défunts en pleine terre ou dans des sarcophages.

     

     

    2– Carcassonne.

        

         La Cité, déjà bien bâtie avec une solide enceinte fortifiée, protège un  habitat dans ses douves. Victime de sa réussite, elle n’éprouve pas le besoin de s’agrandir. Il n’y a pas de place non plus pour bâtir de grands édifices. On y trouve uniquement dans le Château Comtal quelques sols formés de mosaïques blanches et noires, à décors géométriques, et un ensemble de peintures murales polychromes datant du 1er siècle. Une faible partie de l’enceinte extérieure en petit appareil et assises de briques dénote une intervention  romaine.

         L’expansion de la Cité durant la domination romaine concerne surtout des installations hors des enceintes.

     

     

     

    3- La Lagaste.

     

         Avec l’occupation romaine, La Lagaste, alors en régression, retrouve dès le 1er siècle une nouvelle activité. Les croissances de Narbonne et de Carcassonne étendent leur influence et le carrefour de La Lagaste devient une véritable place-marché. Les échanges économiques s’organisent et se traitent à l’occasion de  véritables foires. Les Corbières, déjà riches de leurs minéraux, sont un véritable axe de pénétration pour les produits méditerranéens. Les collines du Lauragais  prolongées vers les pays de la Garonne fournissent tous les produits agricoles. La Haute Vallée de l’Aude complète avec son économie montagnarde. Tout cela favorise des transactions très variées.

         Sous la volonté ambitieuse des autochtones qui désirent maîtriser ce nouveau négoce, ils ont su s’équiper avec de véritables magasins et réserves et fait fructifier la production artisanale locale. Ils alimentent ce commerce dirigé vers la Méditerranée qui, en retour, lui fait parvenir du vin et des nouveaux produits étrangers.

         Mais la grande nouveauté  « moderne » fut d’intégrer au système d’échange classique la monnaie. Ils ont cependant conservé leur mode de vie dans un habitat classique gaulois, creusé dans le talus, mais aussi leurs coutumes en enterrant leurs morts dans un puits commun. En somme, une opposition entre une zone très commerçante du littoral, rapidement romanisée, et La Lagaste dans une campagne reculée, plus traditionnelle, mais en voie de développement.

         La grande quantité de pièces de monnaie découvertes sur le site font état de nombreuses provenances : Marseille, Narbonne, République Romaine et, pour un très fort pourcentage, Espagne.

         La romanisation très lente occupera pleinement la région en s’installant à Alet et Rennes les Bains pour utiliser les eaux thermales.

         Mais les importations de vins et de céramiques venant d’Italie sont remplacées par la production locale. L’extraction des minerais des Corbières est mise en sommeil par manque de produits. La difficulté d’accès sur le site et le besoin, pour ses occupants, d’occuper d’autres terres plus riches dans la plaine, ont provoqué un rapide déclin du commerce.

         Pour ces raisons, La Lagaste cessa toute activité

         Par contre, la plaine de Flassian à Limoux, avec sa riche agriculture, sut favoriser dès le 1er siècle l’implantation d’une grande ferme romaine.

     

    4- Alet  Aletha.

     

         L’occupation romaine a laissé de nombreuses traces à Alet, en particulier les piles maçonnées du Pont du Diable.

         Les romains utilisent l’eau minérale et créent un véritable établissement balnéaire avec thermes appelés Aletha.

         Un poste militaire est implanté pour sécuriser le site.

     

    5- Rennes les Bains.

     

         En 1983, un précieux travail des archéologues Rancoule et Toulze a mis à jour des dépotoirs Gallo-Romains dans les terrains communaux du Cercle. Le site de Rennes est donc déjà habité avant la venue des Romains. Mais ces derniers, utilisateurs inconditionnels de sources, occupèrent avec Alet, dès le 1er siècle avant J.C., le lieu de Rennes qu’ils appelèrent AQUAE CALIDI soit les Eaux Chaudes.

         Ils pratiquèrent les 3 sources connues à cette époque : les sources de la Reine, des Bains Doux et des Bains Forts.

         Pour les exploiter ils bâtirent une véritable ville, bien que dans une vallée étroite, d’après les principes classiques romains.

         Ils désignent un  axe principal, le Cardo, qui du Sud au Nord est orienté vers le Cardou (d’où certainement l’origine de son nom).

         Ils aménagent avec les Bains Forts et les Bains de la Reine un authentique « centre thermal »,  pour accueillir de nombreux utilisateurs, complété par les Bains Doux qui seront le centre d’un véritable amphithéâtre naturel en forme de fer à cheval sur la Sals pouvant recevoir toutes animations.

         L’inondation de 1992 a dégagé, en bordure des Bains de la Reine et pratiquement dans le lit de la rivière, les fondations d’une importante structure romaine jusqu’alors enfouies. Il s’agit d’un ensemble thermal primitif, remanié au IIème siècle, composé de plusieurs piscines, dont une avec des mosaïques, et de deux bassins en grand appareil alimenté par un tuyau en plomb. L’ensemble était protégé de la rivière par une digue de forte épaisseur.

         En amont, c’est la construction du centre ville, autour du forum, grande place publique qui comprend ses tribunes légèrement surélevées  en forme de gradins, et son temple à colonnes. Le marché, accessible par un  passage voûté depuis le Cardo, dessert la population avec ses magasins et ses réserves adossés ou même encastrés au flanc de la montagne.

     

     Histoire de COUIZA

     

        Un pont, à tablier bois, posé sur une pile maçonnée encore aujourd’hui existante, permet aux curistes romains d’accéder aux bains. Les vestiges découverts permettent de comprendre leur utilisation : elle consiste à prendre un bain froid, puis tiède, puis chaud, pour finir dans le bassin alimenté par l’eau froide salée de la Sals. Le tout est accompagné de salles de massage, de boutiques et de terrains à jeux.

         A part les bienfaits de l’eau, les Romains recherchent à Rennes tous les minerais possibles. Une galerie toujours ouverte au Site de Blanchefort permet de certifier qu’ils ont exploité un filon de cuivre. Cherchant l’or et l’argent ils ont trouvé du fer et du plomb, dans la montagne du Cardou, qu’ils ont traité dans des fourneaux rudimentaires dispersés dans la campagne environnante.

        L’importance et la qualité de ces établissements thermaux répondent à une forte demande émanant d’une population nombreuse formée de soldats, de marchands et d’agriculteurs dont un  grand nombre se fixe chez nous définitivement.

         Les nombreuses poteries et la quantité de monnaies en pièces d’or, d’argent et de bronze     trouvées, témoignent bien d’une fréquentation intense du lieu durant six siècles.

         Les bains Forts sont toujours appelés « Bains Romains ».

     

    IV-  La SITUATION  à  COUIZA sous les ROMAINS -

     

         Mais je n’oublie pas qu’il nous faut arriver à découvrir Couiza.

         Isidore Gabelle, notre couizanais membre de la Société d’Etudes Scientifiques de l’Aude, nous précise en 1891 dans son rapport sur « Couiza et ses environs » avoir découvert dans notre canton des haches, un racloir en pierre polie, une hache en bronze, des pointes de flèches en silex et d’autres pierres polies à usage indéterminé, datant d’avant notre ère.

         Une vie a donc existé chez nous dans ces temps reculés.

         Plus tard les Romains, en même temps qu’à Rennes les Bains et à Alet, ont vécu sur notre territoire, notre confluent.

         Jean Fourié rapporte que des restes de « villas gallo-romaines » ont été mis à jour notamment à Fa, Espéraza, Quillan, Campagne, Couiza et dans d’autres sites disséminés le long des vallées alluviales créant la base du peuplement moderne de notre Haute Vallée.

         Pour cette époque romaine Gabelle a collectionné aussi pointes et fibules en bronze, francisque en fer, lampe en terre cuite, pavé de mosaïque en marbre d’Italie, monnaies de cuivre et d’argent.

    Louis Fédié, autre couizanais membre de la Société des Arts et sciences de Carcassonne, nous annonce dans son écrit sur « le Comte du Razès » en 1880 qu’ont été découverts des restes d’une « villa » romaine, en bordure de la vallée du confluent adossé aux premières terrasses du Soula. Il précise que c’était peut-être la propriété d’un militaire, officier de la légion romaine nommé Covisianus qui aurait pu donner son nom à notre localité.

         D’autres vestiges gallo-romains existent sur la commune à Peyre Piccade, aux Patiasses et aussi à l’Escale.

         C’est un début pour découvrir Couiza.

         Mais notre département, par ses multiples atouts, a su attirer ou maintenir quelques nomades ou quelques occupants dans no paysages montagneux et boisés. Nos ancêtres les gaulois atacins, peu nombreux, vivaient en tribus souvent morcelées en groupes ou clans. Les uns, nomades, campaient au bord des cours d’eau, les autres vivant dans des oppida généralement situées sur les points culminants comme à Campahon (hameau de Camps) et, plus loin,  Quérigut et Quirbajou attestant une origine Gallo Celtique.

         Comme en gaule, nous retrouvons des menhirs : Vendemiès et Peyrolles qui n’ont toujours pas de signification précise. Etait-ce un  mausolée recouvrant la tombe d’un druide ou d’un chef guerrier, un lieu de rendez-vous où une tribu se réunissait dans des circonstances solennelles, ou bien, comme prétendu au Moyen Age un lieu de rassemblement des opprimés et de mécontents ?  Il y a aussi des dolmens comme à Véraza, peut-être autels druidiques en dalles presque carrées supportées par quatre dés.

         Pays de marche et de frontières touchant à l’Espagne ou Ibérie et au territoire des Sardous basque, notre secteur est sillonné par des chemins de grande largeur qu’emprunteront plus tard les Romains puis les Wisigoths en tant que voies militaires. Ces routes franchissaient les montagnes en empruntant  les cols ou ports. Dans les parties trop pentues et difficiles ces accès sont aménagés par des assises de grosses pierres droites, posées de chant , tels que nous les trouvons encore à Saint-Just le Bézu.

         Le confluent de la Sals reçoit côté levant un premier chemin venant de Narbonne à travers les Corbières par la Vallée du Rialsess. Un deuxième chemin, celui des Sardous, franchit le Col de Saint Louis puis se divise, pour desservir par le Bézu  le plateau de Rennes le Château et se joindre ensuite à l’accès des Corbières. 

         Côté couchant, c’est l’Ariège par Rouvenac et le Lauragais par Antugnac qui rejoignent la cuvette en passant le gué de l’Aude sous Montazels. Côté Nord, et depuis le gué sur l’Aude au lieu du Pont de Pomas, une route empruntant les cimes desservait Limoux et Alet et rejoignait le gué de Montazels ainsi que pour le côté Sud le chemin venant de Quillan.

         Le confluent de la Sals avec ses propres gués était un véritable carrefour, mais également un lieu de repos. En effet l’abbé Boudet, dans son ouvrage « La Vraie Langue Celtique », où il révèle ce que d’après lui l’étymologie des noms signifierait,  précise : que Quillan devrait son nom à la couleur de son sol, de terre ou de pierre noire, que l’activité essentielle d’Espéraza était de procurer aux radeliers, fournisseurs de grumes pour les charpentes de la basse vallée, des embarcadères nécessaires au transport sur l’Aude des bois de la Haute Vallée et que, non loin de là, Couiza offrait une halte confortable à tous les utilisateurs du fleuve grâce à sa petite crique, KOVE constituée de sable fin SAND. Ce petit estuaire, avec ses plages de sable apporté sur les berges par les inondations de la Sals dans un cadre relativement spacieux et sécurisant proche des vives eaux de l’Aude, permettait de former les convois. Les radeliers étaient accueillis, dans ce site naturel d’attente et de repos, dans les meilleures conditions avec les apports d’une bonne source d’eau au pied de la colline du Soula et de nombreux produits maraîchers.

         Cette KOVE est peut-être devenu un nom de lieu, se transformant an COVE et pourquoi pas COUIZA, donnant une autre origine possible de notre nom ?

         Sous la domination Romaine cette situation ne fut guère modifiée car elle leur donnait entière satisfaction.

     

    V- Les BARBARES -

     

         Tout peuple qui voudra franchir les frontières du vaste empire romain, ne parlant ni grec ni latin, est effectivement étranger mais en plus appelé « barbare ».

         Il est vrai que leurs premières incursions ont pour but de s’emparer de denrées agricoles pour se nourrir et d’objets précieux pour négocier. Ensuite, ces « barbares » nomades se retirent sur leurs positions initiales.     

         Les empereurs les utilisent peu à peu comme soldats dans les armées romaines et favorisent ainsi leur intégration.

         Ce sont déjà des immigrants.

         Les Alains, tribus nomades de cavaliers iraniens traversent en 409 notre région puis l’Espagne et passent en Afrique du Nord.

         Les Alamans, les Burgondes, les Goths, les Herules, les Suèves, tous d’origine germanique

         Les Huns, cavaliers nomades d’origine asiatique avec leur chef Attila et sa fameuse réputation, en désaccord avec les Wisigoths, les poussant vers l’Ouest, vers l’Europe.

         Les Vandales, d’origine scandinave et balte, traversent eux aussi notre région en 409 et, poussés par les Huns, passent en Espagne puis rejoignent l’Afrique du Nord et fondent le Royaume Vandale de Carthage.

         Tous ces peuples se déplacent en grands groupes comprenant des familles entières. Ils ont certainement pillé nos cultures pour se nourrir mais, en route, ont laissé ou abandonné quelques éléments qui se sont sédentarisés dans un lieu qui leur convenait.

     

    VI – Les WISIGOTHS -

     

         C’est une population de migrants, partie de la Baltique au Ier siècle de notre ère, dont l’épopée multiséculaire s’achèvera en Ibérie avec le débarquement des Africains de Tarick à Gibraltar en 711.

         Au départ, ce peuple de guerriers pluriethnique se fond facilement dans l’environnement de l’empire romain ; original dans sa langue, son écriture, son alphabet, son histoire mythique, de religion arienne dominante dans l’empire d’Orient, il cohabite en bonne intelligence avec les populations autochtones romanisées catholiques. Allié de l’empire romain, ce peuple réussira sa sédentarisation dans le Royaume de Toulouse, puis de Tolède, assurant sa subsistance sur ces terres conquises. Il devient au Vème  et VIème siècle le plus vaste royaume d’Occident en maintenant et transmettant les valeurs de l’empire romain qu’il a acquises dans son éducation.

          Ce sont les premiers bâtisseurs de l’Europe en réussissant une synthèse harmonieuse entre leurs apports d’origine et les acquis de Rome.

         Voici le déroulement de leur migration jusqu’à chez nous de ce peuple nomade du 1er au Vème siècle.

         Au Ier  siècle, les pays de l’actuelle Provence et de la Catalogne sont peuplés de riches villes-comptoirs depuis déjà deux siècles et attirent les convoitises.

         Les Goths, originaires de la Scandinavie, peuplent ce pays entre forêts et pâturages. Au IIème siècle, ils « descendent » dans les Pays Baltes. Les romains les connaissent et suivent leurs déplacements, car ils les craignent. Constatant qu’ils se convertissent petit à petit au catholicisme, ils en profitent pour améliorer leurs rapports en les autorisant à traverser le Danube pour rejoindre l’empire romain. Ils espéraient ainsi une christianisation totale, mais surtout avaient pour but de les utiliser comme soldats à leur service. Les Wisigoths, contents de ces conditions, deviennent rapidement un peuple fédéré, fidèle à l’empereur qui les nourrit en compensation car ils donnent satisfaction aux recrutements. Les Wisigoths peuvent recevoir également la totalité de l’éducation romaine et s’octroyer une formation d’élite.

         Au IIIème siècle, ils se fixent en Ukraine et côtoient tous les peuples dits « barbares », les Iraniens chez qui ils apprennent à connaître le cheval, devenant d’excellents cavaliers nomades. Ils se structurent hiérarchiquement et sont conduits par un  Roi et des Princes, chefs des tribus, élus par un Sénat des Anciens.

         Désirant trouver de meilleures terres, mais également chassés par les Huns, le peuple Wisigoth quitte la Bulgarie sous le commandement de leur Roi, également général de l’armée romaine. Le convoi de chariots comprend toute la cour, les troupes et l’ensemble de la communauté.      

         Il marche vers l’Italie.

         Nous sommes en 410. La paix romaine commence à se fissurer par des dissensions  internes principalement militaires qui ne permettent plus à l’empereur de faire face efficacement aux diverses bandes « barbares » qui attaquent le pays. Profitant de cette situation désordonnée, les Wisigoths assiègent une première fois Rome qui résiste, protégée par ses puissantes murailles , et écarte le danger en payant une forte rançon pour prix de la retraite des envahisseurs. Ces derniers reviennent cependant une deuxième fois et réussissent à la prendre sans mal, les esclaves révoltés ayant ouvert les portes.

         C’était le 24 août 410 et durant 3 jours ils pillèrent, brûlèrent, violèrent, tuèrent et saccagèrent la malheureuse capitale de l’empire.

         La ville que l’on croyait éternelle ne supporte pas cette défaite et ne s’en relèvera plus jamais.

         Désirant aller s’installer en Sicile puis en Afrique, les Wisigoths  partent vers le Sud de l’Italie, mais une tempête contrarie leurs projets, et  ne pouvant embarquer ils reviennent rapidement vers le Nord.

         A la fin de l’année 412, entouré d’une population forte, au total de 90 000 éléments dont 30 000 soldats environ, il arrive en Gaule. En accord avec l’empereur qui le charge de le débarrasser d’un usurpateur installé à Valence, il obtint le droit d’entrer à Narbonne en septembre 413.

         La ville ne résiste pas.

         Ayant fait prisonnière Placidia, la fille de l’Empereur à Rome, il se marie en grandes pompes avec elle profitant des riches installations de la ville.

         Ce Roi très ambitieux veut créer un état réunissant Wisigoths et Romains sur un pied d’égalité. Son projet provoque de nombreuses jalousies, fait peur à l’empereur qui lui demande, en tant que peuple fédéré, d’aller s’implanter en Espagne pour rétablir la paix menacée par de nombreux troubles. Il réussit son engagement et il lui est accordé, en récompense, de s’installer en Aquitaine pour l’éloigner de Narbonne. Il occupe sa nouvelle

    destination qu’il étend depuis l’Océan jusqu’à Toulouse qui devient sa capitale. Par une forte politique expansionniste il élargit encore son territoire de l’Atlantique jusqu’à la Méditerranée,  fixant ses nouvelles limites à la Loire au Nord et à Marseille pour l’Est.

          En 483, la conquête de la presque totalité de l’Espagne jusqu’à Gibraltar, où il avait pris pied en 413, est finie.

     

     Histoire de COUIZA

       Le royaume de Toulouse est alors le plus étendu et le plus puissant des royaumes « barbares ».

         Les divers rois qui se sont succédés, moins préoccupés par la guerre, vont mieux organiser leur état.

         Narbonne, plus centrale géographiquement de ce vaste royaume et surtout donnant sur la mer, fut préférée à Toulouse comme résidence du Roi Alaric. Un réseau très important de routes partait depuis cette ville pour accéder aux différents comtés.

         Servi par d’excellents jurisconsultes, le Roi travaille à la rédaction du fameux « Bréviaire d’Alaric », véritable code de lois claires et adaptées au temps en rapport avec les changements politiques et sociaux résultant des bouleversements apportés par la disparition de l’Empire Romain.

         En 506, il fut approuvé par les évêques catholiques et notables, réunis à Aire sur Adour, qui en firent envoyer un exemplaire à tous les comtés du royaume. Le régime municipal occupe dans l’interprétation du Bréviaire une place très importante. Le curie et ses magistrats, l’équivalent de nos conseils municipaux, y reviennent très souvent et attestent que les municipalités romaines existent toujours et fonctionnent. Le catholicisme est également protégé, ce qui renforce une meilleure entente entre romains et wisigoths qui, volontairement, ne sont pas attribués tous les pouvoirs.

         On s’achemine vers une évolution démocratique qui depuis la municipalité romaine conduira jusqu’à la commune au Moyen Age.

         Ce  code sera pratiqué jusqu’à la disparition du royaume wisigoth au début du VIIIème siècle et même au-delà jusqu’au temps des carolingiens. On lui doit la conservation de documents qui sans lui ne seraient jamais parvenus jusqu’à nous.

         Les wisigoths sont les gérants d’une brillante civilisation qu’ils ont su adapter, en tenant compte du caractère local, mais en le faisant progresser pendant plus de deux siècles.

         Ils n’ont pas créé un état mais un  pays avec un  parler composé de leur langue d’origine mélangée au latin, mais aussi au dialecte gaulois atacin : ce sont les débuts de l’Occitan et de la « Langue d’Oc »

         L’Histoire nous apprendra que quelques siècles plus tard elle deviendra la langue officielle parlée par les princes et le peuple, la langue administrative et, enfin, la première langue littéraire d’Europe.

         Particularité apportée par leur religion arienne, les wisigoths pratiquent l’inhumation et habillent les défunts de leurs plus belles parures, contrairement aux indigènes qui ne se servent que d’un linceul. Ils ont uniquement transmis dans leurs sépultures que quelques menus objets : plaques, boucles de ceintures en bronze, toujours richement décorées certaines mêmes avec des sujets en verre. Ils ne nous ont pas laissé de monuments élevés par leurs soins. Par contre, ils ont respectés les monuments existants y compris les églises comme à Narbonne. Au contraire ils les ont toujours protégés comme les installations particulières concernant, comme à Narbonne, les activités du négoce, les réserves et les rues souterraines, les moulins alimentant les marchés. Tant de sujets dont ils avaient compris l’intérêt et qu’ils essaieront de reproduire ailleurs en les adaptant aux besoins.

         Nous allons, en reprenant nos sites de Narbonne, Carcassonne et Alet, mesurer l’incidence des actions des wisigoths dans notre région.

     

    1- Narbonne

     

         Au Vème siècle, en 413, la ville est prise par les wisigoths qui arrivent de Rome qu’ils ont saccagé en 410. Leur roi Atauf épouse dans cette ville, avec un faste somptueux, sa prisonnière la belle Galla Placidia sœur de l’Empereur Honorius.

         Ils en repartirent en 413 pour aller pacifier l’Espagne puis conquérir le territoire aquitain jusqu’à Toulouse en 419 pour en faire sa capitale.

         Enfin, en 461, le rêve des wisigoths se réalise et Narbonne est reprise.

         En 483, l’Espagne est amplement soumise, Narbonne est la capitale d’un grand royaume

         C’est dans cette ville qu’un grand ami aristocrate du Roi, le jurisconsulte Léon, travailla à la rédaction du fameux « Bréviaire d’Alaric »   

     

    2- Carcassonne

     

         Dans ce site fortifié dans ses enceintes avec un habitat et un commerce local développé conforté par l’aménagement de sa propre banlieue, les Wisigoths se contentent de conserver en l’état cette place forte. Ils continuent à renforcer l’enceinte extérieure et bâtirent ou consolident quelques tours.

     

    3- Alet

     

         Maîtres de cette Gaule Narbonnaise, les Wisigoths occupèrent, après les Romains, cette ville. Ils continuèrent à la fortifier en construisant sur les bords d’un profond ravin une forteresse dont on peut encore reconnaître les vestiges. Elle servait de défense à la porte principale faisant face au Nord : c’est la porte Cadene qui existe encore. C’est un des rares édifices wisigoths.

         Plus tard, une maison conventuelle avec une chapelle habitée de quelques religieux permit d’apporter une assistance aux habitants allant de l’infirmerie aux cours scolaires.

         Ils transforment, aidés par de riches espagnols réfugiés de ce côté des Pyrénées qui veulent échapper à la tyrannie des Sarrasins, le monastère en abbaye. Rapidement cette dernière rivalisant avec l’abbaye de Lagrasse s’associe avec celle de Saint Polycarpe.

     

    VII – Les  FRANCS -

     

         C’est la fin du Vème siècle. Le catholicisme a de plus en plus d’adeptes. Narbonne compte 7 églises, Toulouse avec  ses nombreux Wisigoths partage toujours l’arianisme mais les accords d’entente entre les deux religions favorisent une tolérance réciproque entre les deux cultes.

         Du côté Franc, peuple non encore converti au catholicisme, un jeune Roi Clovis vient de monter sur le trône.

         En 486 il s’attaque à l’Empire Romain près de Soissons et cinq ans plus tard il s’avance sur les bords de la Loire, frontière des Wisigoths.

         En 490 ces derniers réalisent le danger et mettent en place une habile politique diplomatique d’alliances matrimoniales pour conjurer d’éventuels conflits. Leur Roi Théodoric épouse en 500 la propre sœur de Clovis, après avoir fait marier ses propres filles avec des chefs de tribus quelques années plus tôt. Suite à ces mariages, mais poussés par de nouvelles difficultés, un accord de fait proposé par les deux camps est signé. Il durera cinq ans pendant lesquels Clovis se fera  baptiser catholique.

         Au cours de l’été 507, Clovis et ses Francs entament l’invasion du royaume Wisigoth à Toulouse.

         La bataille a bien lieu à Vouillé où l’infanterie franque, fort nombreuse, écrase la cavalerie gothique après 3 heures de combat seulement. Clovis aurait même tué le Roi Alaric II de sa propre main sur le champ de bataille.

         La défaite de Vouillé  signe la fin du grand royaume de Toulouse.

         La capitale abandonnée est déclarée ville ouverte puis occupée par les Francs au printemps 507.

         Les perdants, réfugiés dans Carcassonne, résisteront au siège établi par Clovis qui rentrera à son tour à Toulouse.

         En 511, c’est la mort de Clovis et la fin de la menace sur les Wisigoths qui, s’étant repliés en Espagne, ne conservent en Gaule que la province Narbonnaise qui, de ce fait, va être rattachée pour deux siècles à la Péninsule Ibérique.

     

     Histoire de COUIZA

     

       Cette province, amputée de Toulouse, constitue par son  histoire particulière « la Septimanie ». Elle n’est toujours pas une partie de la Gaule des francs et devient une véritable marche-frontière.

         Nous sommes vers 530, elle représente pratiquement 70% de la région Languedoc Roussillon actuelle.  

     

    VIII – RENNES le CHATEAU la MYSTERIEUSE -

     

         Nous ne pouvons parler de notre région sans évoquer Rennes le Château dont les origines totalement inconnues restent un mystère.

         Cependant, depuis les premiers siècles de notre ère, les historiens classent le peuplement des sites en trois catégories. Ils remarquent :

    -          1°) les chefs lieux, capitales économiques ou politiques comme Carcassonne ou Narbonne.

    -          2°) les oppida-marchés, grands comptoirs maritimes ou emporia à l’intérieur comme Carla à Bouriège ou La Lagaste à Rouffiac.

    -          3°) les oppida-fortins de superficie restreinte d’un hectare environ choisis comme poste de guet ou comme refuge tel que l’éperon de Galamus ou l’oppida de Camps.

          L’éperon naturel de Rennes le Château ne pourrait-il pas entrer dans ce contexte ?

          Ce piton surélevé, offrant une vue directe sur les vallées de l’Aude et de La Sals, est un bon poste de gué renforcé par une communication visuelle directe par signaux possibles avec le Cardou et Bugarach surplombant les Corbières.

         Je pense que naturellement le site de Rennes a rempli ce rôle de sentinelle et qu’il a servi successivement les Gaulois Atacins puis les Romains, les Wisigoths, les Francs et même les Sarrasins. C’est un vrai piton d’observation avec une grande défense naturelle qui a pu facilement être fortifiée.

         Il est vrai qu’il existe plusieurs  versions sur ses origines.

         Fédié avance une solution. Il prétend que Rennes le Château est postérieure à l’invasion romaine, se référant à l’invasion des Sarrasins en 711 qui ont occupé ce site. Il précise que cette cité n’a donc pu être créée que par des prédécesseurs d’origine hispanique. Il désigne les Wisigoths du temps de leur apogée comme lors du royaume de Tolède. Il continue en précisant que Rhedae en latin signifie : chariots de voyage. En adoptant cette traduction, il accepte l’établissement d’un campement de maisons roulantes, espacées régulièrement, fixées ensuite à demeure sur un point choisi, formant un oppidum de bois, de cuir ou de toile. Il situe ce rassemblement, entouré de retranchements, sous l’emplacement actuel du village de Rennes, soit le plateau du Lauzet prolongé par une bande longeant le ruisseau de Couleurs.

         Ce serait la cité à son début.

         Les chars wisigoths, attelés de buffles, sont équipés de 4 roues pleines et très basses leur permettant d’emprunter tous les chemins. Ce sont de véritables maisons roulantes.

         Dans tous les cas, les Wisigoths ont séjourné sur le plateau de Rennes le Château avec une importante population et pendant de longues années.

         Ne peut-on pas imaginer que,  pour des besoins tout à fait simples et ordinaires de la vie, ils soient « descendus » dans notre confluent chercher ce qui leur manque sur le plateau ? Je pense au complément de fruits, de vin, d’huile, de céréales et de farine, de gibiers ou de poissons. Pour obtenir toutes ces denrées et les conserver cela nécessite la construction d’un moulin à eau avec sa chaussée et de vastes magasins réalisés en voûtes semi encastrées dans la colline. C’est ce que Gabelle,  dans son propos, appelle les « casemattes » équipées d’un silo à grains

     

     

    X – en CONCLUSION   mes REMARQUES –

      

         Avec les maigres éléments que j’ai recueillis à son sujet nous voilà arrivés à Couiza.

     

    1- sur les constructions et activités – 

         Nous avons appris qu’avant notre ère des Gaulois Atacins étaient présents dans notre canton et confluent, par les vestiges trouvés notamment par Gabelle. Nomades, ils avaient comme voisins les occupants de la grotte de Véraza et plus loin les paysans commerçants de la Lagaste.

         Bien qu’aucun reste d’habitat l’atteste, une présence humaine, une vie a bien animée notre vallée au cours de cette période.

         Ensuite, les Romains utilisant les eaux de Rennes et d’Alet connurent notre confluent et quelques habitations gallo-romaines, certainement les premières qui s’y implantèrent.

         Une vie sédentaire se met en place.

         Puis les Wisigoths occupent Narbonne en 413, rejoignent l’Espagne et reviennent sur Toulouse en 419 pour créer leur grand royaume. Ils règneront sur notre pays pendant plus de deux siècles.

         Se déplaçant énormément, un fort regroupement se fixe cependant à Rennes pour fonder une grande ville, nous l’avons vu, sur le plateau au bas du piton : certaines sources avancent une population de 30.000 habitants. Je pense que ce chiffre est exagéré mais Gabelle est persuadé qu’ils ont bâti chez nous, à Couiza, un moulin avec une chaussée sur l’Aude, des magasins réserves en voûte semi-enterrées, entourées d’eau, et un immense silo à grains.

         Voilà les premières constructions couizanaises qui nous ont laissé des murs et des planchers que l’on peut toujours voir aujourd’hui. En effet la chaussée, bien que démolie au siècle dernier pour diminuer le risque d’inondation, montre encore quelques restes dans le cours de l’Aude ; le moulin, s’il n’est plus sur une véritable île comme à son  origine, a laissé des murs et des parapets de canaux pour les déversoirs qui servent actuellement de fondations à la partie Nord de l’Usine du Mécanique existante et sont donc parfaitement repérables. Enfin, les salles voûtes appelées « casemattes) par Gabelle, en parfait état de conservation avec leurs murs d’un mètre d’épaisseur, n’ont plus le plan d’eau qui les protégeaient ; elles accueillent en 2010 un boulodrome, au rez-de-chaussée, et une très belle salle de musculation parfaitement équipée au 1er étage. Communiquant à la salle du rez-de-chaussée on peut accéder au grand silo de forme conique en parfait état bien que la construction de l’usine l’ait amputé d’une partie.

     

    2- sur les divers peuples-

         Notre département a connu depuis que des hommes sont venus vivre chez nous de nombreuses tribus ou peuples. Il s’agit :

                                                 de l’ensemble Indo-européen

                                                 des Ligures du Nord de l’Italie

                                                 des Ibères du Sud de l’Espagne

                                                 des Celtes ou Gaulois

                                                 des Phéniciens

                                                 des Grecs

                                                 des Volquestectosages

                                                 des Romains

                                                 des Wisigoths

                                                 des Barbares Alains, Huns, Vandales

                                                 des Sarrasins

                                                 des Francs

         Voilà la longue liste de tous nos ancêtres qui permet d’affirmer que nous sommes tous des descendants d’émigrés.

     Histoire de COUIZA

     

     3- sur l’importance de l’ibérisation-

      

         A l’origine nous avions avec l’Espagne les mêmes influences orientales portées par la mer.

         C’est un peuplement identique qui a habité les deux côtés des Pyrénées pratiquant la même langue.

         Nous avions des échanges commerciaux permanents avec de nombreux contacts.

         Nous utilisions les mêmes céramiques avec les mêmes caractéristiques : les motifs géométriques peints, les cercles et les demi-cercles concentriques, les bandeaux, les ondulations.

         Tout cela au cours des siècles a profondément modifié la physionomie de la civilisation audoise favorisant l’émanation d’une culture Ibéro-Languedocienne.

         Je cite Gisela Ripoll, Professeur d’archéologie à l’Université de Barcelone qui écrit : « La Septimanie, au regard de l’histoire d’André Bonnery, permet de comprendre la personnalité historique et le riche patrimoine culturel de cette région ».

     

    4- avec l’intervention de l’HISTOIRE-  

         L’apogée du royaume Wisigoth arrive à sa fin.

         Les Arabes en 711 envahissent l’Espagne et occupent notre Septimanie en 720 pour environ 40 ans. Trop peu nombreux et trop éloignés de leurs bases ils préfèrent instaurer un  protectorat sous les pouvoirs des Goths locaux. Nous les retrouvons à la Maurette, la Maurine et le Sarrat.

         Les Francs souhaitent étendre de leur côté leur zone d’influence. Ils apparaissent comme une protection possible contre les Musulmans. Ils échouent à un premier siège sur Narbonne en 737.

         Pépin Le Bref en 759 y réussit après avoir négocié avec la ville qui obtient le maintien du droit wisigothique.

         Des razzias successives déterminent Charlemagne à intervenir rejetant définitivement les Arabes par la prise de Barcelone en 801.

         La Septimanie est désormais au pouvoir des Francs.

         Le christianisme est en plein essor facilitant la fondation d’abbayes. Celle de Lagrasse est confirmée par Charlemagne en 788. Il y a aussi celle de Ste Marie de Cubières, St Martin des Puits, St Martin Lys qui, avec l’appui de leurs églises, créent de nombreux et riches domaines.

         La prospérité est revenue et de nombreux Espagnols, fuyant l’invasion arabe chez eux, viennent s’installer en Septimanie. Les hameaux paysans se développent et de petites églises rurales se multiplient.

         Dès 788 l’abbaye de Lagrasse fait élever une chapelle-prieuré à Covisianus accompagnée d’un couvent habité par cinq religieux. Ces établissements tiennent de l’orphelinat, de l’hospice et de la ferme-école. Cette implantation est confirmée dans une charte de Charles le Chauve datée du 25 octobre 876. Le prieuré porte le titre de Couvent de St Jean Baptiste de Covisianus. La tradition locale a également conservé le nom de Couvent de la Force qu’il prit ultérieurement.

         Cependant, si les écrits de la charte de Charles le Chauve sont bien admis par tous les historiens, il reste un doute sur le véritable lieu désigné par Couize.

         En effet, d’après Mr Michel RZEPECKI Maire de Palairac, il existe dans sa commune  un autre Couiza, anciennement Couize…C’est un ancien domaine, fief noble de l’abbaye de Lagrasse, où il a été découvert des fragments d’amphores signifiant son origine gallo-romaine. Ce même lieu comprend une ancienne mine d’argent exploitée par les Romains.             C’est la mine de Couiza aujourd’hui appelée « mine de Lacanal »  qui, par sa galerie de  250 mètres linéaires, sert de captage d’eau au village de Palairac. Il n’existe aucune trace ni vestige pour attester qu’il y ait eu un Prieuré ou une chapelle comme à Couiza au confluent de l’Aude et de La Sals.

     

         Mais comment ont été construit ces édifices, prieuré et couvent, et par qui ? Peut-on répondre : les habitants du lieu, paysans cultivateurs, ouvriers du moulin ou moines, mais si peu nombreux !

         Qui est-ce qui les a financés ? L’abbaye de Lagrasse aidée par quelques riches migrants espagnols ?

         Que de questions sans réponse…..

     

    5- C’est la fin de mon récit-

     

         En 801, Charlemagne crée la Marche d’Espagne et la Septimanie est intégrée à un  ensemble plus large lui permettant peut-être de maintenir son  originalité. Ainsi la prise de Barcelone, bien loin de sonner le glas de notre région, lui laisse la possibilité de continuer à exister et à maintenir ses particularismes.

       

          Je termine ici cette évocation de la vie de notre commune depuis ses origines.

        

         Les Carolingiens sont là, vont arriver l’Hérésie Cathare puis les Voisins, puis les Joyeuse, puis la Révolution, puis la Blanquette et le rugby….. appelant de nouveaux commentaires, récits ou rappels.

        

         Amis lecteurs, merci de m’avoir lu, merci de bien vouloir me corriger et de répondre à mes interrogations car mes lectures n’ont pas étanché ma curiosité, bien au contraire.

     

     

    FAURE Lucien, Maire Honoraire de Couiza

    Décembre 2010

     

     

     

     

     

     

     

     


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